Eglises d'Asie

Un groupe de Coréens témoigne de la mission au Cambodge après un voyage missionnaire

Publié le 01/02/2023




Un groupe de 19 fidèles sud-coréens de l’église de l’Immaculée-Conception de Séoul, la capitale, s’est rendu au Cambodge du 9 au 13 janvier aux côtés du père Lee Dong-ik, curé de la paroisse, afin de découvrir la mission locale de la Société des Missions Etrangères de Corée. Celle-ci est présente au Cambodge depuis 2001. Selon le père Jeong Doo-young, supérieur de la société missionnaire coréenne, le premier objectif de la congrégation est de soutenir les enfants par l’éducation, en leur permettant d’échapper à la pauvreté.

Des enfants cambodgiens accueillent un groupe de catholiques coréens, lors d’une visite effectuée du 9 au 13 janvier.

Pierre Jung Young-hwa, un catholique de la paroisse de l’Immaculée-Conception de Séoul, la capitale sud-coréenne, évoque des souvenirs impérissables après son voyage récent de cinq jours au Cambodge. « Nous étions loin de la vie quotidienne et nous avons découvert un lieu nouveau. Le fait de voir et de sentir ce pays, avec ses paysages et sa culture si différente de la nôtre, cela nous a donné une énergie nouvelle pour la suite de notre vie », a-t-il confié au Catholic Times, un média catholique coréen.

Pierre Jung, âgé d’une cinquantaine d’années, s’est rendu sur place avec un groupe de 19 catholiques de sa paroisse du 9 au 13 janvier, afin de découvrir la mission locale de la Société des Missions Etrangères de Corée, aux côtés de leur curé, le père Lee Dong-ik. Selon ce dernier, le voyage était prévu depuis des années, mais il a dû être repoussé à cause de la pandémie.

Le prêtre, qui avait déjà visité la mission coréenne au Cambodge il y a cinq ans, assure que c’était une expérience exceptionnelle. Il ajoute qu’il a planifié ce voyage paroissial parce qu’il voulait montrer aux catholiques coréens « un vrai pasteur qui porte l’odeur de ses brebis » et qu’il avait rencontré au Cambodge. Le groupe a notamment visité l’école professionnelle de Komiso et une clinique dirigée par la société missionnaire coréenne.

Le 10 janvier, leur séjour a débuté à Phnom Penh, la capitale cambodgienne. Contrairement aux touristes, les membres du groupe coréen avaient emporté des chaussures de sport, des pulls légers, de l’antimoustique et des chapelets dans leurs affaires. « Il s’agissait de préparer notre venue dans une zone de bidonville où vivent les plus pauvres, et pas pour visiter un site touristique », explique Pierre Jung, qui parle d’un séjour « encourageant ».

La Société des Missions Etrangères de Corée est présente au Cambodge depuis 2001

Pierre précise que le PIB annuel par habitant au Cambodge est d’environ 1 591 dollars US, soit un vingtième de celui de la Corée du Sud, le pays étant considéré comme l’un des plus pauvres en Asie du Sud-Est. Il ajoute que la pauvreté entraîne des conséquences dévastatrices sur les enfants. « Les gens, au Cambodge ou ailleurs, ne voient souvent que des images imparfaites de la situation des plus démunis à travers les médias, comme le manque de nourriture, de sommeil ou de vêtements. Mais la pauvreté entraîne plus que cela, j’ai pu le voir de près, elle affecte aussi l’espérance », souligne le Coréen.

« Nous avons ri devant les yeux innocents des enfants cambodgiens, tout en pleurant devant la réalité qui est sans espoir pour eux », poursuit-il. « Je ne peux pas m’empêcher de me remémorer ce voyage, et en même temps je me suis engagé à trouver un moyen pour que ces gens, les enfants de Dieu, vivent avec espérance. Ces cinq jours au Cambodge m’ont fait changer de perspective. »

Durant le voyage, le groupe a également appris que les catholiques d’origine vietnamienne au Cambodge sont souvent victimes de discriminations. Beaucoup d’entre eux ont fui le Vietnam durant la Deuxième Guerre mondiale. Dans le pays majoritairement bouddhiste, les catholiques représentent moins d’1 %, soit environ 23 000 fidèles, sur 16,6 millions d’habitants. Près de 70 % des catholiques y seraient d’origine vietnamienne.

La Société des Missions Etrangères de Corée est présente au Cambodge depuis 2001. Son principal objectif est de soutenir les enfants par l’éducation, en leur permettant d’échapper à la pauvreté, selon le supérieur de la congrégation, le père Jeong Doo-young. La société missionnaire fonctionne en partie comme une ONG et gère plusieurs écoles techniques et cliniques dans le pays.

« Ils ont essayé de garder la foi malgré les difficultés »

Park Mi-jung, une autre membre du groupe, se dit émerveillée par l’accueil des enfants durant une célébration. « Je ne comprenais pas les paroles du chant, mais c’était magnifique et ça m’a beaucoup touché », confie-t-elle à propos d’un chœur d’enfants durant la messe.

Les circonstances socio-économiques du Cambodge ont poussé beaucoup de jeunes à quitter l’école prématurément. On compte aussi des enfants d’origine vietnamienne dont les familles n’ont pas les papiers nécessaires pour obtenir la citoyenneté. Ceci s’est produit à cause de leur expulsion dans les années 1970, durant la guerre civile cambodgienne, en raison de la destruction systématique de toutes les archives civiles par le régime Khmer Rouge alors qu’ils avaient dû laisser tout ce qu’ils possédaient.

La loi cambodgienne permet en principe à tous les enfants d’étrangers ou d’immigrants vivant légalement dans le pays de recevoir un certificat de naissance. Mais les autorités locales ont eu tendance à confondre cela avec le fait de conférer la nationalité : par conséquent, des habitants d’origine vietnamienne n’ont pu enregistrer les naissances des leurs, perpétuant un statut apatride pour la génération suivante.

Dans l’église Saint-Joseph de Sen Sok, le groupe a également constaté la foi fidèle de paroissiens. « Cette communauté est précieuse parce que nous connaissons les cœurs des résidents qui ont essayé de garder la foi malgré les difficultés », explique le père Won Jong-hyeok, missionnaire coréen.

Au sein du groupe, certains Coréens ont pu se retrouver dans certaines situations vécues par les gens dans la région. Certains ont en effet évoqué des conditions similaires en Corée du Sud durant les années 1970. Aujourd’hui, ils partagent aussi un appel du père Lee à parler aux autres de l’Église grandissante au Cambodge. « Le prêtre nous a invités à élargir nos perspectives sur la foi au Cambodge, et à en parler aux autres à notre retour », souligne Jeon Byung-seong.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Catholic Times / Ucanews