Eglises d'Asie

Un groupe pakistanais organise une exposition afin de soutenir la formation théologique

Publié le 15/12/2022




Le 10 décembre à Lahore, les membres d’un réseau chrétien pakistanais, le Theological Educator’s Forum, ont organisé la première exposition de l’Église locale sur la formation théologique, afin de tenter de relier les différents centres de formation existant dans le pays et de soutenir l’éducation théologique et biblique. « Nous prions pour le pape, nous partageons ses photos sur les réseaux sociaux mais hélas, nous ne citons pas ses enseignements », commente le père Asi, secrétaire de la Commission biblique catholique du Pakistan.

Le 10 décembre à Lahore, lors d’une exposition sur la formation théologique organisée au Forman’s Christian College.

Le Theological Educator’s Forum, un réseau local composé d’enseignants chrétiens, tente de faire face à un appauvrissement de la formation théologique au Pakistan en faisant le lien entre les différents centres bibliques et théologiques existant dans le pays.

« Certains directeurs d’établissement proposent des doctorats et des programmes de master sans accréditation. Il n’y a aucun mérite, les facultés concernées manquent de formation et même le contenu du programme est rarement développé », a affirmé Qaiser Julius, secrétaire général du Forum, dans le cadre de la première exposition sur la formation théologique organisée dans l’Église pakistanaise, qu’il a lancée le 10 décembre au Forman’s Christian College de Lahore.

« Les Églises chrétiennes sont les premières concernées par le problème, pourtant il y a une attitude peu sérieuse vis-à-vis de la formation théologique, et une tendance à se reposer sur les financements étrangers pour de telles études », a-t-il ajouté.

« Tous travaillent de manière isolée. Par ailleurs, les gens s’attendent à une formation théologique gratuite. Il y a aussi d’autres questions comme les contraintes de budget et les règles gouvernementales », a-t-il ajouté en présence des représentants de près de 50 institutions théologiques locales, dont des écoles bibliques, des instituts laïcs et des séminaires qui ont présenté leur travail pastoral.

Durant l’exposition, différentes initiatives comme des temps de louange, des chants Gospels, des quiz bibliques et des sessions de formation ont été proposés sur la scène principale de l’événement, alors que les visiteurs pouvaient afficher des photos de leurs programmes sur un panneau. Des stands proposaient également des produits divers comme des livres chrétiens, des CD musicaux et des décorations de Noël.

« On peut voir l’impact sur les laïcs »

Plus d’une centaine d’instituts bibliques et de séminaires forment actuellement plusieurs milliers de chrétiens au Pakistan, majoritairement musulman. Toutefois, Qaiser Julius se dit sceptique concernant la majorité d’entre eux, qu’il classe comme « insuffisants ».

Le père Emmanuel Asi, secrétaire général de la Commission biblique catholique du Pakistan et qui tenait aussi un stand le 10 décembre, regrette également la baisse de niveau des formateurs des séminaires et des thèses préparées par leurs étudiants. « Le vocabulaire et le discours théologique utilisés dans les homélies et les magazines chrétiens se sont affaiblis. Nous sommes derrière le Sri Lanka et l’Inde dans ce domaine. Il n’y a pas suffisamment de profondeur dans la réflexion catéchétique et sacramentelle », estime le prêtre.

« On peut voir l’impact de tout cela sur les laïcs qui ne savent plus s’adresser correctement à Dieu quand ils confient des intentions de prière à l’ambon. Les gens ne se réfèrent même plus à la Sainte Trinité, aux saints, au concile Vatican II et à la Fédération des conférences épiscopales d’Asie », ajoute-t-il.

« Nous prions pour le pape François, mais nous ne suivons pas ses enseignements »

Le père Asi, théologien reconnu dans l’Église locale, regrette aussi les prêtres qui cèdent à la facilité plutôt que d’étudier. « Le week-end, ils font des sermons après s’être contentés de regarder sur WhatsApp. Nous prions pour le pape François, nous partageons ses photos sur les réseaux sociaux mais nous ne citons pas ses enseignements et nous ne suivons pas le chemin qu’il voudrait que nous prenions », poursuit-il. « Les habitudes de lecture se sont également dégradées. Les bibliothèques ne sont plus visitées que pour les devoirs », assure-t-il.

Aniqa Shaukat, une bibliothécaire de Loyola Hall, à Lahore, partage l’avis du père Emmanuel Asi. Le centre jésuite de retraite et de formation compte la plus grande bibliothèque de l’archidiocèse, avec plus de 25 000 ouvrages. « Il y a quelques mois, il y avait au moins cinq étudiants qui venaient tous les jours. Ils ont cessé de fréquenter la bibliothèque quand ils ont trouvé du travail. Maintenant, on ne voit plus que quelques chercheurs et responsables interreligieux. Les lecteurs trouvent cela plus pratique de chercher des livres sur leur ordinateur portable ou leur téléphone », explique-t-elle.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Kamran Chaudhry / Ucanews