Eglises d'Asie – Chine
Un missionnaire auprès des sans-abri hongkongais, touchés directement par la crise
Publié le 10/09/2020
Pendant presque dix ans, Ah Ming a dormi dans un espace public de l’aéroport de Hong-Kong. L’an dernier, quand les autorités ont restreint l’accès à l’aéroport aux seuls membres du personnel et aux voyageurs, il a commencé à dormir dans un des restaurants McDonald’s de la ville, ouverts 24 heures sur 24. Mais encore une fois, le sans-abri hongkongais, âgé de 75 ans, n’a pas eu de chance. Quand la pandémie du Covid-19 est arrivée, en effet, le gouvernement de Hong-Kong a mis en œuvre des restrictions forçant tous les restaurants ouverts en permanence à fermer la nuit. Ces mesures ont forcé tous les réfugiés des fast-foods de nuit, surnommés les « McRefugees », à dormir dans la rue. Aujourd’hui, plusieurs centaines d’entre eux vivent sous des passerelles piétonnes inutilisées ou sur le trottoir, et utilisent les toilettes publiques. On trouve beaucoup d’entre eux à Rest Garden, dans le quartier de Yau Ma Tei, une zone du district de Yau Tsim Mong, au sud de la péninsule de Kowloon. Ah Ming, en revanche, a eu la chance de rencontrer un prêtre catholique qui l’a aidé à trouver une colocation.
Le père John Wotherspoon, de la congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée (OMI), se rend tous les jours à Yau Ma Tei pour venir en aide aux sans-abri. L’ancienne colonie britannique compte environ 1 500 personnes sans-abri, selon une étude de 2013, mais pour le père Wotherspoon, ce chiffre doit être au moins deux fois supérieur aujourd’hui. Le marché immobilier à Hong-Kong reste l’un des plus chers au monde. Même pour une petite colocation médiocre, il faut débourser entre 200 et 350 euros par mois pour un espace très réduit. Le manque de logements abordables est l’une des principales raisons de la situation des sans-abri de la ville. Le père Wotherspoon explique que la plupart d’entre eux sont des personnes âgées sans emploi, qui ne peuvent pas trouver de travail à cause de handicaps physiques ou mentaux. Certains sans-abri âgés de plus de 60 ans touchent environ 375 euros par mois, grâce à une aide sociale du gouvernement. Ainsi, aujourd’hui, Ah Ming et deux autres sans-abri comme lui peuvent partager un appartement, qu’ils ont trouvé en colocation grâce à l’aide du père Wotherspoon.
Plus de 1 500 sans-abri à Hong-Kong
Le prêtre est proche de beaucoup d’entre eux, après avoir accompagné les « McRefugees » pendant plus d’une décennie. Il explique que chaque jour, des gens viennent le voir avec toujours la même question : « Père, avez-vous trouvé un logement pour moi ? » Quand le gouvernement a demandé aux restaurants de fermer la nuit dans le cadre des mesures sanitaires, le prêtre a lancé une campagne de collecte de fonds afin de financer des logements pour les sans-abri. La campagne a permis de récolter 1,6 million de dollars hongkongais (175 515 euros) de dons, envoyés par des paroissiens catholiques pour la plupart. L’argent a permis d’ouvrir une boutique de revente d’objets reconditionnés et de trouver des logements bon marché pour plus de 40 sans-abri. Le père Wotherspoon confie que certains d’entre eux possèdent des logements mais qu’ils les louent et dorment dans des lieux « gratuits » pour pouvoir toucher des revenus. Ah Ming, de son côté, explique qu’il aimait dormir à l’aéroport parce qu’au moins, « il y avait un toit et un lieu où se doucher, et les repas ne coûtaient que 20 dollars hongkongais [2,20 euros] ». « Pour ceux qui survivent, comme nous, grâce aux aides du gouvernement, c’est une bonne solution. »
Elisa, une femme sans-abri qui a rencontré le prêtre à l’hôpital, explique que ce dernier l’a encouragée à travailler pour qu’elle puisse vivre mieux. Ainsi, le prêtre a ouvert une boutique d’objets d’occasion grâce aux dons récoltés, qu’il a nommée MercyHK 2nd Hand Ecop Shop. Chan Chi Kong, un retraité qui s’est porté volontaire pour diriger la boutique, explique que l’initiative a été lancée avec plusieurs objectifs. La boutique permet aux sans-abri d’acheter des produits à prix réduit et d’être autonomes en y travaillant pour gagner leur vie. Toutefois, Chan reconnaît que cela ne marche pas toujours, certains employés sans-abri ayant parfois des comportements agressifs. Chan Chi Kong, qui est également président de l’association Saint Peter Revival, confie que les profits générés par la boutique peuvent aussi servir à financer les loyers des sans-abri. En août, la boutique a également reçu des vêtements donnés par des artistes catholiques. Il ajoute que la boutique permet aussi aux paroissiens de se porter volontaires pour du travail caritatif. Certains viennent même acheter des produits bon marché dans la boutique. « Après tout, c’est un quartier modeste, et le fait qu’il y ait une boutique catholique ici, cela donne l’occasion de répandre le message de l’Évangile », souligne le prêtre.
(Avec Ucanews, Hong-Kong)
CRÉDITS
Ucanews