Eglises d'Asie

Un nouveau rapport dénonce la destruction de la liberté de la presse à Hong-Kong

Publié le 28/04/2022




Le 26 avril, l’organisation Hong Kong Watch a publié un nouveau rapport décrivant la quasi-destruction de la liberté de la presse à Hong-Kong. Le rapport évoque notamment des violences policières contre les journalistes, des raids de police dans des rédactions et la fermeture de médias indépendants. Stephen Vines, ancien présentateur de RTHK (société hongkongaise d’audiovisuel public), explique que « cela doit servir d’exemple au reste du monde, sur la menace que représente le régime communiste chinois alors que grandit son influence sur la communauté internationale ».

La dernière édition du quotidien hongkongais Apple Daily, publiée le 24 juin 2021 avant la fermeture du journal.

La répression du mouvement prodémocratie à Hong-Kong a presque entièrement détruit la liberté de la presse locale, ouvrant la voie à l’expansion des médias officiels pro-Pékin dans l’ancienne colonie britannique, selon un nouveau rapport publié par le groupe Hong Kong Watch, basé au Royaume-Uni. Le rapport détaille l’état « désastreux » de la liberté de la presse à Hong-Kong, et appelle la communauté internationale à se préoccuper davantage de cette situation, à dénoncer les violations de la liberté de la presse et de la liberté d’expression par le gouvernement hongkongais et à venir en aide aux journalistes qui risquent d’être arrêtés sur le territoire chinois.

Le rapport a été publié le 26 avril à Londres, lors d’un événement organisé par la parlementaire Catherine West dans la Chambre des Communes. Selon l’organisation Hong Kong Watch, le cadre de travail des journalistes locaux et étrangers à Hong-Kong est devenu de plus en plus difficile alors que le gouvernement est en mesure d’utiliser une série de lois contre eux, notamment la loi sur la sécurité nationale. De plus, les autorités cherchent à redéfinir qui peut être considéré comme journaliste ou non, avec un projet de loi sur les « fake news ».

Autocensure des médias hongkongais face aux pressions des autorités

Après les manifestations massives de 2019, les autorités hongkongaises ont non seulement lancé une forte répression contre les participants au mouvement, mais aussi contre les médias, ce qui a conduit à la fermeture de publications comme Apple Daily et Stand News. Par ailleurs, RTHK, l’unique société audiovisuelle publique de Hong-Kong, a perdu son indépendance éditoriale, semant la panique causant une vaste autocensure parmi les médias locaux. Le nouveau rapport est basé sur des entretiens avec plus de dix journalistes hongkongais, toujours sur place ou en exil, et sur les affirmations d’organisation locales ou internationales luttant pour la liberté de la presse.

Matthew Cheung, un ancien journaliste hongkongais du journal Ming Pao, de langue chinoise, explique qu’on lui a tiré dessus à quatre reprises avec des grenades lacrymogènes, alors qu’il couvrait les manifestations prodémocratie entre juin 2019 et début 2020. « La première fois, c’était à Yuen Long, près d’une semaine après une vaste opération policière survenue le 21 juillet. J’empruntais un escalator et j’essayais de prendre une photo d’ensemble vu de dessus, quand j’ai entendu un tir que j’ai reçu sur mes lunettes de protection. Autrement, j’aurais été touché à l’œil. »

Le rapport décrit comment les autorités hongkongaises ont réprimé la liberté de la presse, avec les violences policières contre les journalistes, les raids de police dans les rédactions, la fermeture de médias indépendants, la prise de contrôle de la société RTHK, les lois draconiennes qui ont permis l’arrestation de journalistes et de patrons de presse, la menace de retrait de visas contre des correspondants étrangers…

« La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute société libre et ouverte »

Hong Kong Watch souligne aussi comment les médias officiels continuent de diffuser la propagande chinoise contre les partisans prodémocratie et contre certains opposants et institutions liés l’Église catholique locale. Ainsi, le journal pro-Pékin Ta Kung Pao a publié quatre articles depuis le 27 janvier dernier, accusant le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong-Kong, d’avoir profité de son statut clérical pour participer à des activités antichinoises. Stephen Vines, ancien présentateur de RTHK, estime par ailleurs que « ce rapport couvre méticuleusement la façon dont la liberté de la presse a été détruite ». Il ajoute que « cela doit servir d’exemple au reste du monde, sur la menace que représente le régime communiste chinois alors que son influence grandit sur la communauté internationale ».

Benedict Rogers, directeur de Hong Kong Watch et auteur du rapport, appelle donc celle-ci à assurer la protection des journalistes hongkongais et à poursuivre les responsables. « La liberté de la presse est un pilier fondamental de toute société libre et ouverte. Moi qui ait débuté ma carrière en 1997 comme jeune journaliste à Hong-Kong, j’ai toujours considéré la liberté de la presse comme l’un des plus grands atouts de la ville », poursuit-il. « Aujourd’hui, cela a pratiquement disparu, comme le précise ce rapport détaillé, et il est temps que la communauté internationale agisse pour que nous puissions aider les courageux journalistes qui continuent de prendre des risques pour faire leur travail à Hong-Kong. »

(Avec Ucanews)