Eglises d'Asie

Un organisme sri-lankais appelle Colombo à garantir la liberté et la sécurité des journalistes

Publié le 19/03/2022




Le 17 mars, le groupe Free Media Movement, qui lutte pour la liberté de la presse au Sri Lanka, a publié un communiqué appelant le gouvernement de Colombo à garantir la liberté d’expression, la protection et la sécurité des journalistes, alors qu’ils rencontrent de plus en plus de restrictions et de tentatives d’intimidation dans le pays. Des prêtres, religieuses et militants ont également fait appel à la Cour Suprême afin d’abolir la Loi sur la prévention du terrorisme, qu’ils accusent d’être manipulée par les autorités.

Une organisation sri-lankaise a appelé le gouvernement de Colombo à garantir la liberté d’expression, la protection et la sécurité des journalistes qui rencontrent de plus en plus de tentatives d’intimidation et de restrictions dans le pays. Parami Ranasinghe, une présentatrice de télévision Populaire au Sri Lanka, a été mise à l’écart récemment par le groupe SLRC (Sri Lanka Rupavahini Corporation), qui appartient à l’État, pour avoir critiqué le président Gotabaya Rajapaksa et son gouvernement sur les réseaux sociaux.

Selon Lanka Rupavahini, on lui a interdit d’entrer dans les locaux de SLRC pour avoir exprimé ses opinions personnelles, ce qui constitue, pour le mouvement FMM (Free Media Movement), « une grave violation de la liberté d’expression et des droits fondamentaux des journalistes travaillant pour une institution médiatique d’État ».

Lasantha De Silva, une responsable du mouvement FMM, a déclaré dans un communiqué publié le 17 mars que cette affaire « envoie un signal dangereux aux journalistes, en leur disant qu’ils sont constamment contrôlés ». Beaucoup de journalistes se sont plaints auprès de l’inspecteur général de police en estimant être surveillés. « Ce n’est pas seulement une perte de liberté d’expression et de liberté de la presse, mais cela indique aussi qu’une opération d’espionnage est en cours qui menace la sécurité des journalistes », souligne Lasantha De Silva.

Une ingérence injustifiée dans le fonctionnement des médias sri-lankais

Dans son communiqué, le FMM cite également le cas du journaliste Rahul Samantha Hettiarachchi, qui a été empêché de couvrir et diffuser une affaire de contrebande de sable par Duminda Silva, président de la National Housing Development Authority – une institution publique chargée de mettre en œuvre des programmes de logement – et ancien membre du Parlement. « Ce fait déplorable montre l’étendue des ingérences injustifiées de l’État dans le fonctionnement des médias au Sri Lanka », déplore Lasantha De Silva.

Par ailleurs, le 14 février dernier, Shehan Malaka Gamage, un catholique et journaliste indépendant qui a contribué à démasquer les principaux responsables derrière les attentats du dimanche de Pâques 2019, a été arrêté après avoir organisé une conférence de presse sur les enquêtes en cours. Il a été libéré plus tard par un tribunal. Le même jour, un groupe d’hommes masqués a également attaqué la maison du journaliste de télévision Chamuditha Samarawickrama, qui a critiqué la puissante famille Rajapaksa actuellement au pouvoir et ses partisans, à la télévision et sur les réseaux sociaux. Les hommes masqués auraient menacé un agent de sécurité avec une arme à feu avant de jeter des pierres et des déchets dans la maison du journaliste.

Au moins 16 journalistes et employés des médias sri-lankais ont été tués dans le pays depuis 2005, sans compter 138 cas d’attaques contre des journalistes et des institutions médiatiques au cours de la dernière décennie, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Toutes ces affaires sont encore non résolues et aucun des coupables n’a été arrêté. « Le Sri Lanka est un pays où des journalistes enlevés ou disparus dans le passé n’ont toujours pas obtenu justice », déplore un prêtre catholique qui souhaite rester anonyme.

De leur côté, des prêtres, des religieuses et des militants pour les droits de l’homme ont fait appel à la Cour Suprême afin d’abolir la Loi sur la prévention du terrorisme (PTA), qui constitue une menace sérieuse pour la liberté de la presse et pour ceux qui défendent les droits de l’homme. Selon Amnesty International, la loi PTA est manipulée par le gouvernement comme une arme lui permettant de cibler et harceler les journalistes.

(Avec Ucanews)