Un philosophe chinois rejoint l’Académie pontificale des sciences sociales

Bai Tongdong, professeur en philosophie à l’université Fudan de Shanghai, a été nommé au sein de l’Académie pontificale des sciences sociales.

Le pape François a nommé pour la première fois un universitaire chinois au sein de l’Académie pontificale des sciences sociales, une institution indépendante siégeant au Vatican et fondée par le pape Jean-Paul II le 1^er janvier 1994, dans le Motu proprio Socialum Scientiarum.

L’organisation a été fondée afin de promouvoir l’étude et l’évolution des sciences sociales, principalement l’économie, la sociologie, le droit et la science politique, en cohérence avec la doctrine de l’Église. Bien qu’indépendante, elle maintient des relations étroites avec le Conseil pontifical Justice et Paix afin d’aider l’Église à affiner sa doctrine sociale et à mieux l’appliquer à la société contemporaine, pour contribuer à préserver la paix et à créer une société fondée sur l’homme.

Le professeur Bai Tongdong, âgé de 53 ans, enseigne la philosophie à l’université Fudan de Shanghai et à faculté de droit de l’université de New York (NYU Law). Il fait partie des trois nouveaux membres de l’académie pontificale. Les autres sont le sociologue américain Justin Farrell et la théologienne australienne Tracey Anne Patrice Rowland.

L’académie est dirigée par sœur Helen Alford, religieuse dominicaine et économiste (nommée présidente de l’institution le 1^er avril 2023). On compte 35 membres dont les économistes Mario Draghi, Jeffrey Sachs et Joseph Stiglitz, le philosophe Rocco Buttiglione, le juriste Christoph Engel et le politologue Niraja Gopal Jayal.

Un atelier pour « comprendre la Chine selon sa propre perspective »

Le fait d’inclure un universitaire chinois dans l’académie est particulièrement significatif en raison de la nature des sujets de recherche du professeur Bai. Né en 1970 à Pékin, il a obtenu un doctorat en philosophie à l’université de Boston. Appelé « maître Bai » par ses étudiants en Chine, ses recherches portent sur les théories politiques, à commencer par les idées confucéennes.
Au cours des dernières années, il a été un interlocuteur privilégié des universités occidentales sur l’étude du modèle chinois. Son travail le plus connu est un livre publié en 2019 par l’université de Princeton intitulé « Contre l’égalité politique : le cas confucéen » (« Against Political Equality: The Confucian Case »). Dans son livre, le professeur Bai soutient l’idée que l’égalitarisme des démocraties libérales peuvent entrer en conflit avec le bien commun. En revanche, la philosophie confucéenne – avec sa synthèse entre l’unité et la compassion – offrirait une série de notions plus universelles et applicables aux sociétés et aux relations internationales.

Il est clair que cette nomination découle d’un débat plus large sur la relation entre la liberté, l’autocratie et le bien commun, et sur les défis posés par la place de la Chine au sein de la communauté internationale, en particulier sous le président Xi Jinping. Ce n’est pas un hasard si la Chine doit avoir une place centrale durant un atelier prévu par l’académie pontificale les 27 et 28 juin à Rome, sur « le dialogue entre civilisations et le bien commun ». L’objectif de l’événement est de comprendre la Chine, « non pas dans l’optique de sources externes mais selon sa propre perspective », en évaluant « ses caractéristiques sociales, culturelles, politiques et économiques » ainsi que « son respect des obligations, lois et normes internationales ».

(Avec Asianews)