Eglises d'Asie

Un programme d’extension de visa bénéficie aux travailleurs migrants birmans, cambodgiens et laotiens

Publié le 14/11/2020




Bangkok a annoncé une extension de visa dans le cadre d’un accord avec la Birmanie, le Laos et le Cambodge, afin de soulager certains secteurs frappés par la crise et dépendant largement des travailleurs migrants peu qualifiés, notamment le bâtiment, l’industrie, la pêche, l’agriculture et le travail domestique. Une décision dont plus de 131 000 migrants, restés dans le pays durant la pandémie, pourront bénéficier. En revanche, alors que les frontières avec la Birmanie sont toujours maintenues fermées, de nombreux migrants sont toujours sans travail.

Un chauffeur de tuk-tuk sur un site touristique populaire de Bangkok, durant la pandémie qui a affecté de nombreux secteurs de l’économie locale.

La crise sanitaire a entraîné de lourdes difficultés financières pour plusieurs centaines de travailleurs migrants birmans, cambodgiens et laotiens, qui n’ont pas pu retourner en Thaïlande pour reprendre le travail. En revanche, ceux qui sont restés en Thaïlande durant la pandémie peuvent désormais bénéficier d’une prolongation de la durée de leur visa. Les travailleurs migrants provenant de ces trois pays d’Asie du Sud-Est seront autorisés à rester dans le pays jusqu’à fin 2021. La décision a été annoncée par Bangkok dans le cadre d’un accord avec ses trois voisins, qui dépendent largement de l’économie thaïlandaise. En tout, plus de 131 000 migrants pourront en bénéficier. Parmi les bénéficiaires, on compte presque 73 000 travailleurs provenant de Birmanie, plus de 34 000 Cambodgiens et près de 24 000 Laotiens. Le gouvernement thaïlandais a décidé d’assouplir les règles d’extension de visa pour les travailleurs migrants concernés, afin de compenser les pénuries de main-d’œuvre qui affectent certains secteurs.

2,9 millions de migrants enregistrés en août 2019

Durant plusieurs mois, les frontières du pays ont été presque entièrement fermées aux travailleurs migrants. Ainsi, plusieurs centaines de milliers de personnes dans une situation précaire, et dépendant des opportunités d’emploi en Thaïlande, n’ont pas pu reprendre le travail. Les migrants originaires de Birmanie sont majoritaires dans de nombreux secteurs de l’économie locale, notamment dans le bâtiment, l’agriculture et la pêche. Pourtant, malgré les besoins de main-d’œuvre, les autorités thaïlandaises ont maintenu la fermeture des frontières avec la Birmanie face aux risques de contagion. En août 2019, six mois avant le début de la pandémie, on comptait presque 2,9 millions de travailleurs migrants enregistrés en Thaïlande, selon le ministère du Travail. Selon les experts, toutefois, ce chiffre serait en réalité beaucoup plus élevé, en comptant les nombreux migrants illégaux travaillant dans le secteur informel de l’économie locale.

« Les travailleurs migrants étrangers représentent une contribution non négligeable à l’économie thaïlandaise », selon l’Organisation internationale du travail (OIT), qui estime qu’ils produisent jusqu’à 6,6 % du PIB thaïlandais, alors qu’ils représentent 4,7 % de la population active locale. « Ces migrants sont employés majoritairement pour les emplois peu qualifiés, notamment dans la pêche, l’agriculture, le bâtiment, l’industrie et le travail domestique, entre autres », remarque l’OIT. Malgré le rôle significatif qu’ils jouent dans l’économie thaïlandaise, ils doivent souvent accepter de longues journées de travail dans des conditions difficiles et pour un salaire peu élevé – un fait dénoncé par de nombreuses organisations humanitaires. « Ces migrants sont non seulement sujets aux discriminations, mais ils peuvent également être forcés de payer des frais de recrutement onéreux en venant de l’étranger, afin de tenter de s’assurer de décrocher un emploi », explique Darian McBain, du groupe Thai Union, une entreprise thaïlandaise de pêche et de transformation de produits de la mer. « Cela veut dire qu’avant même de commencer à travailler, ils peuvent se retrouver extrêmement endettés – des dettes qu’ils doivent souvent rembourser sur plusieurs années », ajoute-t-elle. Toutefois, face aux manques d’opportunités d’emploi dans leurs pays d’origine, nombre d’entre eux continuent de tenter leur chance en Thaïlande.

(Avec Ucanews, Bangkok)


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Crédit Ucanews