Eglises d'Asie

Un psychiatre cambodgien reçoit le « Prix Nobel asiatique » pour son travail auprès des victimes des Khmers Rouges

Publié le 02/09/2022




Le psychiatre cambodgien Chhim Sotheara, âgé de 54 ans, lui-même victime du régime Khmer Rouge, a reçu le prix Ramon Magsaysay cette année, également surnommé le « Prix Nobel asiatique », pour avoir soigné les victimes du régime ultra-maoïste via son organisation TPO Cambodge (Organisation psychosociale transculturelle). Fondée en 1995, celle-ci se concentre sur le syndrome de stress post-traumatique et a accompagné près de 200 000 Cambodgiens depuis sa création.

Chhim Sotheara, 54 ans, un psychiatre cambodgien survivant du régime Khmer Rouge, a reçu le prix Ramon Magsaysay 2022.

Un psychiatre cambodgien soignant les victimes du régime Khmer Rouge fait partie des lauréats du prix Ramon Magsaysay de cette année. Également connu comme le Prix Nobel de l’Asie, il a été créé en 1957 et baptisé d’après un président philippin décédé dans un accident d’avion. Chhim Sotheara, âgé de 54 ans, est lui-même un survivant du régime ultra-maoïste, et son Organisation psychosociale transculturelle se concentre sur le traitement de ce qu’on appelle au Cambodge le « baksbat », c’est-à-dire le syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Les organisateurs du prix 2022 ont salué le psychiatre pour le « courage calme face aux profonds traumatismes » dont il a fait preuve, en devenant un guérisseur pour son peuple.

Dans les années 1970, le régime Khmer Rouge a tué presque un quart de la population cambodgienne entre les exécutions de masse, le travail forcé et la famine. « Je suis moi-même traumatisé en tant que victime des Khmers rouges, mais travailler pour aider les survivants m’a aussi aidé à me guérir moi-même », a confié Chhim Sotheara en 2017 dans une interview. Fondée en 1995, son organisation TPO Cambodge a fourni une assistance psychologique à près de 200 000 Cambodgiens depuis sa création.

« En 1979, à ma connaissance, il n’y avait que 40 médecins dans le pays »

Évacué de Phnom Penh en 1975 à l’âge de 7 ans, le futur psychiatre a été séparé de sa famille et enrôlé par les Khmers rouges avec d’autres enfants afin de participer à des travaux d’excavation dans un canal du district de Kandal Stoeung. Après la chute du régime en 1979, sa mère l’a incité à entreprendre des études de médecine à son retour dans la capitale. « Ma mère a voulu que j’étudie la médecine quand elle vu que tant de personnes qui avaient survécu aux Khmers Rouges étaient malades, physiquement et psychologiquement », a-t-il expliqué en 2019. « Beaucoup de médecins ont été tués à l’époque, et à ma connaissance, en 1979, il y avait seulement environ 40 médecins dans le pays. »

Depuis, le jeune survivant a entamé une brillante carrière qui l’a conduit à obtenir un doctorat à l’université Monash de Melbourne, en Australie, tout en développant simultanément son organisation au Cambodge. Outre Chhim Sotheara, d’autres personnalités ont reçu le prix dont Gary Bencheghib, un militant écologiste et producteur né en France, qui construit des kayaks à base de bouteilles plastiques et de bambou afin de collecter les déchets du fleuve Citarum, l’un des plus pollués au monde.

Parmi les lauréats, on compte aussi le Dr Bernadette Madrid, une Philippine âgée de 64 ans, qui a fondé des établissements destinés à aider les enfants victimes d’abus domestiques. Enfin, l’ophtalmologiste Tadashi Hattori, un Japonais de 58 ans, a été décoré pour avoir opéré gratuitement au Vietnam, qui manque d’ophtalmologistes et d’installation spécialisées. Une cérémonie de remise de prix est prévue fin novembre à Manille, aux Philippines.

(Avec Asianews)


CRÉDITS

brothersofcharity.org / Asianews