Eglises d'Asie – Bangladesh
Une campagne de Carême financée par les pauvres pour les pauvres
Publié le 16/03/2024
On compte environ 600 000 chrétiens bangladais, majoritairement catholiques, pour 169,4 millions d’habitants. Tous les ans, Caritas Bangladesh, principale organisation caritative chrétienne dans le pays, organise une campagne de Carême destinée à soutenir des personnes en détresse. L’an dernier, un total de 6,5 millions de takas (presque 55 000 euros) a été récolté afin de fournir une aide éducative, médicale ou autre à plus d’une centaine de personnes.
Cette année, le projet est appelé « Teg O Sbeha Abhijan » (Sacrifice et Service), et invite à « répondre à l’appel de Dieu aux côtés des démunis ». Cette campagne annuelle a été initiée pour la première fois en 1980 par l’organisation. Elle doit se poursuivre jusqu’au 31 mai, et à ce jour, plus d’une centaine de personnes en difficulté en ont bénéficié depuis son lancement au début du Carême, en février.
« Un incendie a brûlé la seule maison que j’avais », confie Elizabeth Rozario, une femme catholique de la paroisse de Nagori, à Gazipur (une ville située à 50 km au nord de Dacca, la capitale). « Durant deux mois, j’ai dû me réfugier sur les balcons des habitations voisines en attendant. Caritas Bangladesh a réparé ma maison, et j’ai enfin pu rentrer chez moi. » De son côté, Limya Akter, une jeune musulmane de 17 ans, explique avoir reçu de l’argent pour pouvoir s’inscrire à l’université. « Mes parents n’avaient pas de travail, donc j’ai demandé à Caritas de m’aider pour pouvoir déposer ma candidature », raconte-t-elle.
Manik Miha, âgé de 53 ans, également musulman, se dit reconnaissant du soutien financier qu’il a reçu afin de payer son traitement pour une maladie du foie. « Aucun de mes proches ne pouvait m’aider, mais Caritas ne m’a pas laissé les mains vides. Grâce à l’argent que j’ai reçu pour mon traitement, je vais mieux maintenant », assure-t-il.
« Ce projet est entièrement soutenu par des donateurs locaux »
« Caritas Bangladesh s’occupe des personnes dans le besoin en collectant des fonds non seulement à l’étranger, mais aussi parmi ses équipes, les étudiants et les participants volontaires aux projets », explique Sebastian Rozario, directeur général de l’organisation catholique. « Teg O Sbeha Abhijan est un projet assez unique, parce qu’il est entièrement soutenu par des donateurs locaux », précise-t-il. Il ajoute que les chrétiens bangladais puisent dans leurs propres fonds pour participer à l’opération, tout en encourageant des fidèles d’autres confessions à faire de même afin d’aider les plus pauvres.
Chayon Hubert Reberio, chef de projet, explique que « nous cherchons à encourager les gens à tendre la main aux personnes en détresse, non pas en puisant dans leur superflu mais dans leurs nécessités quotidiennes, en exprimant ainsi une vraie solidarité envers eux ». Tous les diocèses catholiques du Bangladesh ont organisé une journée spéciale le dimanche 10 mars afin de soutenir et partager l’initiative.
Des responsables religieux d’autres confessions chrétiennes, ainsi que des responsables musulmans, hindous et bouddhistes, ont également participé. Ainsi, des croyants d’autres religions se montrent admiratifs devant cette initiative, notamment parmi la majorité musulmane. Parmi eux, Maulana Majharul Islam, un responsable de la mosquée d’Ambar Shah, dans le district de Kawran Bazaar à Dacca, estime que « nous devrions tous participer à ce genre de projets ».
Afin de faire connaître l’initiative auprès du plus grand nombre, l’organisation distribue des boîtes, stickers, enveloppes, affiches et flyers dans tous les diocèses du pays. Chayon Hubert Reberio souligne l’engagement des membres de l’équipe de Caritas, dont certains ont versé volontairement une journée de salaire. Il ajoute que les bénéficiaires du projet sont eux-mêmes invités à participer selon leurs moyens. « Nous nous adressons à tout le monde, quelle que soit la religion ou la caste d’origine, afin de rappeler à tous leurs devoirs envers les pauvres et les membres les plus désavantagés de la société », ajoute-t-il.
(Avec Asianews)
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Asianews