Eglises d'Asie

Une campagne de prière pour la Birmanie lancée deux ans après le coup d’État du 1er février

Publié le 31/01/2023




Deux ans après le coup d’État militaire lancé par la junte birmane le 1er février 2021, une campagne de trois jours de prière pour le pays d’Asie du Sud-Est a été lancée par la fondation internationale AED (Aide à l’Église en Détresse), peu après de nouveaux appels à la paix en Birmanie lancés récemment par l’Église locale et par le pape François. Ce dernier a déploré la destruction de l’église Notre-Dame de l’Assomption, survenue le 15 janvier lors d’un raid dans le village de Chan Thar, dans l’archidiocèse de Mandalay.

Une messe célébrée en 2017 dans l’église Saint-Joseph de Mandalay, Birmanie. Les chrétiens représentent presque 6 % de la population locale.

En s’associant au dernier appel du pape François à prier pour la Birmanie, lancé après une augmentation récente des attaques contre les églises chrétiennes dans le pays d’Asie du Sud-Est, l’AED (Aide à l’Église en Détresse) a proposé trois jours de prière, du 30 janvier au 1er février, pour les chrétiens birmans.

L’organisation a lancé cette initiative deux ans jour pour jour après le coup d’État militaire du 1er février 2021. Depuis le renversement par la junte du gouvernement civil élu d’Aung San Suu Kyi, plusieurs milliers de civils ont été tués ou déplacés de force en raison des conflits internes.

Selon les explications de Thomas Heine-Geldern, président exécutif de la fondation internationale de droit pontifical, « alors que nous nous préparons à marquer le second anniversaire du coup d’État en Birmanie, ce 1er février, nous demandons à Dieu de toucher les cœurs de tous ceux qui peuvent mettre fin à cette tragédie ».

« Nous prions aussi pour toutes les personnes déplacées internes, y compris les enfants, les femmes, les personnes âgées et malades vivant dans les régions affectées », a-t-il ajouté dans un communiqué publié le 26 janvier.

En raison des violences qui se poursuivent dans le pays, des églises et des couvents ont été attaqués à de nombreuses reprises dans les États majoritairement chrétiens de Kayah, Chin, Karen et Kachin, et des prêtres et pasteurs ont également été arrêtés. « Prions pour la fin des violences et le retour du dialogue, qui serait une source de force considérable pour l’avenir de la Birmanie », a poursuivi Thomas Heine-Geldern.

Presque 2 900 habitants, dont plusieurs centaines d’enfants, ont été tués depuis deux ans dans le pays, sans compter plus de 17 000 personnes arrêtées par la junte au pouvoir, selon les groupes de défense des droits de l’homme. Un prêtre local, qui souhaite rester anonyme, évoque également des actes de terrorisme délibérés pour se maintenir au pouvoir et « chasser les catholiques du pays ».

« Pourquoi ces lieux sacrés sont-ils attaqués et détruits ? »

La campagne de l’AED et le message de paix du Saint-Père surviennent peu après l’attaque du 15 janvier dernier dans le village de Chan Thar, dans l’archidiocèse de Mandalay, durant laquelle l’église Notre-Dame de l’Assomption, construite il y a plus d’un siècle, a été incendiée ainsi que près de 500 habitations. « Mes pensées, avec douleur, se tournent en particulier vers la Birmanie, où l’église Notre-Dame de l’Assomption du village de Chan Thar, l’un des lieux de culte les plus anciens et les plus importants dans le pays, a été incendiée et détruite », a confié le pape durant l’Angelus du 22 janvier.

Alors que l’église a été incendiée durant le quatrième raid lancé contre le village en l’espace de huit mois, l’Église catholique en Birmanie a une nouvelle fois appelé les dirigeants militaires à protéger les lieux de culte, dans une lettre publiée le 20 janvier et signée par le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, par Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay, et par Mgr Basilio Athai, archevêque de Taunggyi. « Pourquoi ces lieux sacrés sont-ils attaqués et détruits ? », ont-ils notamment demandé.

Les chrétiens représentent presque 6 % de la population birmane, sur environ 54 millions d’habitants, tandis que la religion d’État, le bouddhisme, est pratiquée par près de 89 % de la population. Sur les 16 diocèses que compte le pays, cinq d’entre eux, ceux de Loikaw, Pekhon, Hakha, Kalay et Mandaly, ont été particulièrement affectés par les conflits internes actuels entre l’armée et les groupes ethniques rebelles armés, dont certains membres appartiennent à plusieurs confessions chrétiennes. Dans les diocèses de Loikaw, le plus affecté (dans l’État Kayah), 16 paroisses ont été ciblées depuis deux ans, et au moins 19 églises et bâtiments religieux ont été détruits.

(Avec Ucanews)