Eglises d'Asie

Une église touchée par une nouvelle attaque de l’armée birmane dans l’État Shan

Publié le 05/04/2023




Le 2 avril dans un village de l’État Shan, dans le sud de la Birmanie, des tirs d’artillerie ont causé au moins un mort et cinq blessés. L’attaque a également touché une église et plusieurs habitations dans ce village du diocèse de Pekhon, qui fait partie des diocèses les plus touchés par les conflits internes entre la junte et les groupes rebelles armés. Le 30 mars, une autre attaque dans un village de l’État Chin a également tué neuf civils. Le 2 avril, l’Organisation Chin pour les droits de l’homme a réagi en dénonçant des crimes de guerre.

Des catholiques birmans et des personnes déplacées internes (IDP) devant une église du village de Lana, le 12 mars dernier dans l’État Kachin.

Le 2 avril, des tirs d’artillerie aveugles dans le village du canton de Pekhon (dans l’État Shan, dans le sud de la Birmanie) ont causé au moins un mort et cinq blessés, alors que les combats entre l’armée et les groupes rebelles se sont intensifiés dans la région. Un homme âgé de 50 ans est mort dans l’attaque, et un jeune et quatre personnes âgées ont été blessés, selon le groupe ethnique armé KNDF (Force de défense des nationalités karenni). Le groupe a également souligné que plusieurs maisons ont été touchées, ainsi qu’une église.

« Une église a été frappée par des tirs d’artillerie dans un village majoritairement catholique », a précisé un villageois. L’église en question dépend du diocèse de Pekhon, qui couvre le sud de l’État Shan et une partie de l’État Kayah. Il s’agit d’une des diocèses birmans les plus affectés par les violences, avec le diocèse de Loikaw, dans l’État voisin de Kayah. Au moins six paroisses du diocèse de Pekhon ont été abandonnées après des attaques répétées, dont la cathédrale du Sacré-Cœur.

Cette dernière attaque fait partie des offensives renforcées par l’armée dans les régions majoritairement chrétiennes des États Kayah, Chin et Karen, ainsi que dans les régions de Sagaing et de Magwe, principalement Bamar (l’ethnie dominante dans le pays), dans le centre de la Birmanie. Ces offensives sont destinées à réprimer la résistance civile armée lancée contre la junte après le coup d’État militaire du 1er février 2021.

« Cibler des civils avec des frappes aériennes est un crime de guerre »

Le 30 mars dernier, un village de l’État Chin, neuf autres personnes ont été tuées, dont deux enfants, et au moins dix personnes ont été blessées dans un bombardement. Un pasteur local, qui fait partie des blessés, a perdu deux de ses enfants dans l’attaque. De nombreuses habitations ont également été endommagées. « Priver les enfants de leurs parents et détruire leur avenir est un crime contre l’humanité. Cibler des civils avec des frappes aériennes est un crime de guerre », a déclaré l’Organisation Chin pour les droits de l’homme, le 2 avril sur Twitter.

Le pape François et les évêques birmans ont lancé de nombreux appels à la paix dans le pays d’Asie du Sud-Est ces deux dernières années, en demandant à mettre fin aux attaques contre les lieux de culte, les écoles et les hôpitaux. Plusieurs dizaines de milliers de civils continuent de subir les conflits internes en Birmanie, déclenchés après le renversement par l’armée du gouvernement civil élu d’Aung San Suu Kyi.

Sur 53,5 millions d’habitants en Birmanie, on compte environ 87,9 % de bouddhistes et 6,2 % de chrétiens (dont 1,24 % de catholiques, organisés en 16 diocèses dont trois archidiocèses). Quatre diocèses (Loikaw, Pekhon, Hakha et kalah) ainsi que l’archidiocèse de Mandalay, dans le centre du pays, ont été particulièrement affectés par les conflits.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Banmaw diocese OSC / Ucanews