Eglises d'Asie – Thaïlande
Une fondation thaïlandaise s’inquiète de la hausse des violences domestiques durant la pandémie
Publié le 25/11/2020
Selon la Thai Health Promotion Foundation, les nouvelles difficultés économiques rencontrées par plusieurs millions de Thaïlandais depuis le début de la pandémie de Covid-19 ont entraîné une augmentation du taux de violences domestiques et contre les femmes, une tendance pourtant déjà à la hausse. Selon une enquête réalisée par la fondation thaïlandaise, depuis mars 2020, quand la pandémie a commencé à être ressentie dans le pays, les cas de violences domestiques enregistrés ont augmenté de 66 % à l’échelle nationale. À Bangkok, le taux de violences domestiques a augmenté de près de 25 % cette année, par rapport à l’an dernier à la même période, tandis qu’il a augmenté de près de 50 % au cours des derniers mois dans le sud du pays. La fondation attribue ces nouvelles tendances à la hausse de la consommation d’alcool et de substances illicites dans les foyers à faibles revenus, alors que l’économie locale a été frappée durement par la crise sanitaire. Ces conclusions sont particulièrement préoccupantes étant donné qu’avant même la pandémie, la Thaïlande était déjà l’un des 38 pays listés par les Nations Unies pour un taux élevé de violences faites aux femmes.
4 cas de violences domestiques par jour en moyenne
En moyenne, au cours des dernières années, selon les statistiques disponibles, on a compté près de quatre cas de violences domestiques par jour en Thaïlande. « La maison, qui devrait être un endroit sûr pour les femmes et pour les enfants, peut être un lieu terrible quand ils sont victimes de violences physiques et verbales », a dénoncé Kannikar Charoenluck, directrice du département de la promotion de l’égalité des genres au sein du ministère du Développement social et de la Sécurité humaine. Jadej Chaowilai, directeur de la fondation WMP (Women and Men Progressive Movement), explique que parmi les cas de violences domestiques enregistrés, on compte beaucoup d’affaires de meurtres de femmes thaïlandaises, assassinées par leur partenaire. Pourtant, il estime que les autorités locales ont fermé les yeux face à ce phénomène. Il ajoute que le niveau de brutalité dans beaucoup de ces affaires est « choquant ». « La situation actuelle est semblable à une guerre qui peut faire beaucoup de victimes. Malgré les décès qui surviennent, le gouvernement reste trop passif. »
Entre janvier et juillet 2020, 367 cas de violences domestiques ont été rapportés en Thaïlande, dont 242 qui ont entraîné la mort de la victime. « Cela veut dire que 65,9 % des cas de violences domestiques enregistrés durant cette période sont des meurtres », a conclu Angkhana Intasa, membre de la Thai Health Promotion Foundation, durant une conférence de presse organisée en août dernier, en ajoutant qu’en 2018, ce chiffre était de 48,5 %. « La consommation d’alcool et la toxicomanie font partie des causes principales des meurtres au sein d’une même famille », a-t-elle précisé, en citant également la jalousie ou des soucis financiers. Selon les travailleurs sociaux de la fondation thaïlandaise, il est inquiétant de voir que beaucoup de Thaïlandais témoins d’abus domestiques préfèrent ne pas s’en mêler en tentant d’arrêter les violences, parce qu’ils peuvent voir cela comme une affaire privée. Selon eux, cette attitude perpétue un climat social au sein duquel les coupables peuvent se sentir libres de laisser éclater leur colère et de s’en prendre physiquement à leurs partenaires. En Thaïlande, « 94,9 % des témoins de violences domestiques décident de ne pas intervenir », souligne Angkhana Intasa en citant les résultats d’une étude. « Nous devons soutenir un nouvel état d’esprit. Il faut traiter ces problèmes comme une question de société. Si on est témoin de violences domestiques, il faudrait tenter de venir en aide à la victime ou au moins alerter les autorités », poursuit-elle.
(Avec Ucanews, Bangkok)
CRÉDITS
T. L.