Eglises d'Asie

Une organisation malaisienne défend un programme interreligieux

Publié le 22/03/2023




Les organisateurs d’une série de visites de différents lieux de culte, proposée aux jeunes malaisiens dans le cadre d’un programme interreligieux, ont été accusés de prosélytisme par des opposants et des musulmans extrémistes. Jagir Singh, le président du Conseil consultatif malaisien du bouddhisme, du christianisme, de l’hindouisme, du sikhisme et du taoïsme, a réagi en déclarant que ces visites devaient au contraire être « encouragées afin de soutenir la compréhension mutuelle, le respect et l’harmonie ».

Un groupe de jeunes visitent une mosquée de Kuala Lumpur dans le cadre d’un programme interreligieux lancé par l’organisation Impact Malaysia.

Une organisation interreligieuse malaisienne, Impact Malaysia, a lancé un programme national qui propose aux jeunes musulmans de visiter des lieux de culte de différentes confessions religieuses, en niant des accusations de prosélytisme. Dans un communiqué, Jagir Singh, président du Conseil consultatif malaisien du bouddhisme, du christianisme, de l’hindouisme, du sikhisme et du taoïsme, a déclaré que ces visites doivent être encouragées afin de soutenir la compréhension mutuelle, le respect et l’harmonie dans le pays majoritairement musulman.

En réaction aux accusations lancées par des opposants et des musulmans extrémistes, Jagir Singh a appelé le gouvernement et les autorités islamiques à éviter d’imposer une éventuelle interdiction aux musulmans voulant participer à ces visites. « Les marches de l’unité vers les lieux de culte sont destinées à voir et comprendre les différentes cultures. Cela n’implique la propagation d’aucune religion », a-t-il affirmé. « Il est nécessaire pour tous d’avancer ensemble dans un esprit de bonne volonté et de respect mutuel, afin de défendre l’harmonie et l’unité dans le pays », a-t-il ajouté.

Il s’est exprimé après une déclaration de Mohd Zawawi Ahmad Mughni, qui dirige les Affaires islamiques du pays et qui a suggéré que les marches de l’unité organisées par le programme n’étaient pas autorisées aux musulmans. Il a soutenu les activités interreligieuses tout en affirmant que « tout programme impliquant des musulmans dans des lieux de culte autres que ceux de l’islam est absolument interdit ». Par ailleurs, un homme politique musulman a accusé Hannah Yeoh, ministre de la Jeunesse et des Sports, d’utiliser le programme interreligieux afin de tenter d’évangéliser les jeunes musulmans.

Sur Facebook, Badrul Hisham Shaharin, ancien membre du parti centriste Keadilan, a dénoncé le programme interreligieux en ajoutant que « les évangélistes chrétiens se sont mis au travail ». Son commentaire a suscité diverses réactions au sein de la société malaisienne. Yeoh, un chrétien, a nié les accusations, en soulignant d’ailleurs qu’il y avait aucun jeune musulman dans l’équipe qui a visité les différents lieux de culte impliqués, dont une église de la ville de Klang.

« Une simple visite des lieux de culte ne peut pas être un problème »

Jagir Singh a assuré que ces visites sont seulement destinées à comprendre les différences entre les religions, et qu’il n’y avait aucun prosélytisme. « S’il n’y a aucune propagation d’autres religions aux musulmans, il n’y a aucun crime commis. C’est pourquoi une simple visite des lieux de culte ne peut pas être un problème », a-t-il insisté, interrogé par The Malay Mail, en citant l’article 11 (4) de la Constitution fédérale. Il a ajouté que durant plus de dix ans, le Conseil consultatif malaisien a participé à des visites similaires organisées par le Département de l’unité et de l’intégration nationale. Il a souligné que ces visites « ont permis beaucoup de bonne volonté entre les différentes ethnies et religions ».

On compte près de 10 % de chrétiens malaisiens, sur 32 millions d’habitants. La majorité des chrétiens vivent dans les États de Sabah et Sarawak (Bornéo), où ils représentent plus des deux-tiers de la population.

Selon des médias locaux, des groupes extrémistes malaisiens cherchent à diffamer les chrétiens en les accusant de vouloir convertir les musulmans. En 2016, Andul Hadi Awang, membre du Parti islamique malaisien, a ainsi accusé les missionnaires chrétiens de « profiter des pauvres et sans éducation » dans des États comme celui de Sabah.

En 2014, un livre anonyme a dénoncé les chrétiens comme des « ennemis de l’islam » aux mauvaises intentions et répandant des mensonges. En 2021, une page Facebook appelée Hud Hud Crew a également publié une vidéo affirmant que Mgr Julian Leow, archevêque de Kuala Lumpur, avait insulté les musulmans dans un discours.

(Avec Ucanews)


CRÉDITS

Impact Malaysia / Ucanews