Eglises d'Asie – Thaïlande
Une organisation thaïlandaise lance un programme éducatif auprès des enfants des rues
Publié le 05/06/2020
Les enfants des rues sont toujours l’une des principales préoccupations de la société thaïlandaise actuelle, notamment dans les provinces de Bangkok, de Chiangmai, de Pitsanuloak, de Kon-khan, de Nakhon-Ratchasima, de Nonthaburi et de Samutprakarn, où il est courant de les voir se rassembler. Ils ont souvent fui leurs foyers, parfois à cause de violences domestiques, et vivent en mendiant dans la rue, en dormant ensemble sur les trottoirs, dans les gares, les arrêts de bus, les marchés ou les bâtiments abandonnés. Aujourd’hui, on voit aussi des enfants qui doivent gagner de l’argent durant les vacances scolaires ou après l’école, en vendant des couronnes de fleurs le long des routes et sur les carrefours – en prenant soin d’éviter la police. Quelles que soient les raisons pour lesquelles ils se retrouvent dans cette situation, il est clair qu’ils n’ont ni foyer, ni éducation, ni véritables perspectives d’avenir. Afin de leur venir en aide, le directeur du bureau NFE (Non-Formal and Informal Education) de Muang, dans la province de Chiangmai, a lancé un programme humanitaire auprès des enfants des rues aux côtés de trois enseignants. Nareerattana Daosanun, une enseignante qui s’occupe des enfants au marché Waroros de Chiang Mai, explique que « les recherches de NFE indiquent que 20 % d’entre eux vivent dans la rue, et 80 % sont issus de milieux démunis ».
« Seuls 30 % des enfants sont des locaux, les autres viennent d’autres régions. Tous viennent de familles pauvres et sont sans éducation. Certains consomment de la drogue et de l’alcool ou fument des cigarettes. La plupart d’entre eux se rassemblent dans les parcs », ajoute-t-elle. Les enseignants tentent de les approcher amicalement afin de les convaincre peu à peu d’aller à l’école pour apprendre un métier et atteindre un meilleur niveau de vie. Ils peuvent choisir entre l’éducation obligatoire ou une formation professionnelle. Le but du programme est de permettre au plus grand nombre de pouvoir recevoir une éducation et d’avoir une vie meilleure. Ashi, qui a fui l’orphelinat à l’âge de neuf ans, a vécu au marché Waroros jusqu’à l’âge de 21 ans. « J’ai fui l’orphelinat parce que je voulais être libre. Il y avait beaucoup de règles et je voulais être seul », explique-t-il. « Mademoiselle Daosanun, l’enseignante, m’a convaincu d’aller à l’école. Au début, je n’étais pas intéressé, mais après bien des hauts et des bas, j’ai grandi et j’ai compris que seule une éducation pouvait me permettre d’apprendre un métier. Je suis donc allé voir mademoiselle Daosanun, qui m’aide à avancer. » Thongpoon Buasri, chef de projet au sein d’une fondation locale, explique que beaucoup d’enfants sont forcés de passer la nuit à mendier, entre 19h et 2h du matin.
3,7 millions d’enfants dans les rues thaïlandaises
« Aujourd’hui, ils rencontrent de plus en plus de difficultés, surtout les enfants des migrants qui vivent et travaillent en Thaïlande », explique-t-elle. « Le problème, c’est qu’ils n’ont pas pu poursuivre leur éducation durant de longues périodes ni recevoir de soins. En Thaïlande, on compte au moins 50 000 enfants des rues d’origine cambodgienne, birmane et vietnamienne, y compris des Rohingyas. C’est un vrai défi pour ceux qui travaillent auprès des enfants des rues. » Progressivement, beaucoup d’ONG, d’organisations caritatives et d’enseignants travaillant auprès des enfants des rues ont dû renoncer à cause du manque de dons pour les enfants démunis. Le directeur estime qu’on compte au moins 3,7 millions d’enfants démunis ou abandonnés dans les rues thaïlandaises, et qui ne reçoivent pas d’éducation. Ainsi, la grand-mère d’une fille de onze ans qui l’aide à vendre des guirlandes de fleurs dans la rue explique : « Quand ma petite-fille vend des guirlandes, les gens les lui achètent par pitié. Je n’ose pas la laisser seule à cause des gens qui pourraient essayer de l’enlever et à cause du danger des voitures. »
(Avec Asianews, Bangkok)
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