Eglises d'Asie – Cambodge
Vicariat apostolique de Phnom Penh : proclamer l’Évangile pour la première fois dans la mission de Ta Khmau
Publié le 19/03/2020
La ville de Ta Khmau est située à environ dix kilomètres au sud de Phnom Penh, la capitale cambodgienne. La communauté catholique locale compte deux prêtres, cinq chrétiens et huit catéchumènes. Le père Giovanni Tulino (photo), un prêtre italien de 41 ans de l’Institut pontifical pour les missions étrangères, a déjà passé six ans dans le pays. Pour lui, c’est « une terre de première évangélisation, où se trouvent des gens qui n’ont jamais vraiment entendu parler de Jésus ». Il y a deux ans, Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh, l’a envoyé à Ta Khmau afin de soutenir la communauté locale. « Dans de telles régions, le missionnaire devient partie prenante d’une histoire commencée par d’autres avant lui ; il y est appelé pour continuer de construire sur les fondations qu’ils ont posées », explique le père Tulino. La communauté de Ta Khmau est une nouvelle zone pastorale fondée il y a cinq ans. « C’était une intuition de l’évêque. C’est la plus grande banlieue de Phnom Penh. Avec ses nouvelles routes et le développement urbain, elle rejoint la capitale », ajoute-t-il.
« Beaucoup d’habitants de Phnom Penh viennent y habiter, parce que la vie y est moins chère. De plus, on y trouve toujours des terrains disponibles et il y a des usines. C’est pourquoi Mgr Schmitthaeusler y a vu un lieu d’évangélisation. Le premier sur place était un confrère, le père Mario Ghezzi, qui est arrivé alors qu’il n’y avait encore aucune présence chrétienne. Il a acheté une maison et lancé les premières activités missionnaires de Ta Khmau », poursuit le prêtre. Bien que la communauté catholique locale soit très minoritaire, son emploi du temps est bien rempli. « Chez nous, nous organisons un petit centre d’accueil de jour pour les enfants du quartier, pour les familles bouddhistes qui s’en vont travailler le matin. Sans cela, les parents ne sauraient pas où les laisser », explique-t-il. « La porte est ouverte tous les jours de 6 heures du matin à 18 heures. Il y a deux mois, nous avons créé une station médicale pour les villages alentours. Nous pensons que l’éducation et la santé sont deux dimensions essentielles avant de pouvoir toucher le cœurs des gens. »
« Je voudrais être la première servante de cette communauté »
L’an dernier, le père Tulino a baptisé cinq adultes, dont trois qui ne sont pas originaires de Ta Khmau. Les deux autres, une mère et sa fille, sont les deux premières habitantes locales à devenir chrétiennes. « La mère travaille avec nous. Pour moi, son témoignage de foi est quelque chose de très positif. Elle ne sait ni lire ni écrire, et elle est malade. Son mari l’a laissée seule avec trois enfants à nourrir. Le père Mario Ghezzi l’a aidée en l’employant comme femme de ménage et en l’aidant pour ses soins médicaux. Touchée par cette générosité désintéressée, elle a demandé à devenir catéchumène il y a trois ans », explique le père Giovanni Tulino. « Avant d’être baptisés, il est courant que les catéchumènes choisissent un nouveau nom chrétien. Quand je lui ai demandé ce qu’elle voulait choisir, elle m’a répondu : ‘Je voudrais être appelée Marie, parce qu’elle était la première servante du Seigneur. Je voudrais être la première servante de cette communauté’ », poursuit-il. « Ces mots m’ont profondément marqué et m’ont fait penser au passage de l’Évangile dans lequel Jésus remercie le Père en disant ‘Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits [Mt 11, 25]. Avec Marie et le reste du petit groupe qui a été baptisé l’année dernière, et grâce au soutien de quelques chrétiens d’autres communautés, nous essayons de construire l’Église locale », assure le prêtre.
« Les dimanches, en plus de la messe dominicale, nous organisons habituellement des activités avec les catéchumènes. Cette année, nous ne pourrons malheureusement pas célébrer les baptêmes à Pâques. Le catéchuménat dure en moyenne trois à quatre ans, et on compte actuellement huit personnes qui cheminent vers le baptême ; quatre sont en première année, les autres en seconde », se réjouit-il. « Le travail de la mission est passionnant, même s’il y a des moments de frustration et d’incompréhension. Pour nous, missionnaires, il est nécessaire d’être patients dans des lieux comme Ta Khmau. » Le père Tulino ajoute qu’il est conscient qu’il ne verra pas les fruits de son travail : « Ceux qui viendront après moi ne les verront pas non plus. Mais peut-être que la troisième ou la quatrième génération des prêtres qui viendront ici en verront les fruits dans cette communauté. Comme je le dis tous les matins, ce n’est pas encore le temps des semailles, il faut d’abord préparer la terre. »
(Avec Asianews, Phnom Penh)
CRÉDITS
Asianews