Eglises d'Asie

Zhejiang : note officielle de l’Église locale concernant la réouverture des lieux d’activité catholique

Publié le 18/06/2020




Alors que les autorités civiles organisent une réouverture progressive des lieux de culte, beaucoup de communautés clandestines se voient refuser le permis de rouvrir leurs églises, faute de permis requis. Avant la pandémie, beaucoup de ces églises étaient tolérées. Le confinement donne l’occasion d’empêcher leur réouverture, sous prétexte de lutte contre la pandémie. La note ci-dessous (traduction du texte original) est une illustration de ces mesures. Elle émane des organes officiels de l’Église, et non des Affaires religieuses, même si le contenu en est probablement dicté compte tenu de sa teneur politique. Une autre note, publiée le 10 juin par les Affaires religieuses du district de Handan (province du Hebei), encourage la dénonciation des lieux de culte illégaux, avec récompense à la clé. Ce sont deux exemples parmi d’autres du durcissement du contrôle des lieux de culte.

Le sanctuaire Notre-Dame de Sheshan, Shanghai. Plusieurs milliers de pèlerins y viennent tous les ans, mais le pèlerinage a été suspendu cette année.

Église catholique de la province du Zhejiang

Document des deux comités [de l’Église Catholique] du Zhejiang :

Association Patriotique et Commission des Affaires de l’Église,

2020, n ° 14

Note concernant la réouverture ordonnée des lieux d’activité catholiques

A l’attention des Associations Patriotiques et des Diocèses des villes de la province :

Cette année, au début de la période du Nouvel An, une nouvelle épidémie de pneumonie s’est propagée soudainement et rapidement dans notre pays. Cette épidémie du nouveau Coronavirus est l’affaire de santé publique la plus grave survenue en Chine depuis la fondation de la République populaire. Il s’agit de l’épidémie dont la propagation a été la plus rapide, qui s’est le plus largement répandue et dont la prévention et le contrôle ont été les plus difficiles.

Sous la direction forte du Parti, avec le secrétaire Général Xi Jinping comme chef suprême, après beaucoup de souffrances, de grands efforts et des sacrifices des masses populaires à tous les niveaux, la prévention et le contrôle de l’épidémie ont connu des résultats importants et stratégiques.

Depuis les débuts de la propagation du nouveau coronavirus en Chine, les églises de notre province ont strictement appliqué les mesures de prévention et de contrôle de l’épidémie décidées par le Front Uni [1] et le Bureau des affaires religieuses de la province. Ces mesures, dites « deux suspensions et un report [2] », ont été d’une efficacité remarquable, ayant effectivement empêché la propagation de l’épidémie dans la sphère religieuse. Selon le Front Uni de la province, à partir du 2 juin, conformément aux trois principes « administration par les autorités locales, contrôle méthodique et bon exercice des responsabilités » [3], les lieux religieux qui remplissent les conditions de prévention et de contrôle de l’épidémie seront rouverts de manière ordonnée. Afin de mettre strictement en œuvre la responsabilité de la prévention et de la lutte contre l’épidémie et de bien organiser la réouverture des espaces, « cinq points » sont spécialement exigés.

Le texte original de la note en chinois.

Premièrement, il faut donner une bonne leçon de patriotisme. Une cérémonie solennelle de lever de drapeau aura lieu le premier jour de l’ouverture de chaque lieu. Lors de la première liturgie de la Parole, les clercs catholiques devront raconter une « histoire de lutte contre l’épidémie » de manière vive et touchante pour que l’assemblée des croyants comprenne la supériorité du système socialiste chinois et pour renforcer le patriotisme et la fierté nationale.

Deuxièmement, il faut évaluer les risques. Avant de pouvoir rouvrir un lieu, il faut d’abord dresser, pour chaque ville ou village, un rapport d’évaluation des risques et avoir reçu l’approbation officielle du ministère des Affaires Religieuses et des Minorités et autres départements. Grâce aux vérifications conjointes des différentes entités, toutes les failles pouvant représenter un danger seront comblées, et on s’assurera ainsi d’éviter le moindre problème.

Troisièmement, il faut procéder à une grande inspection de sécurité. Les lieux d’activités religieuses n’ayant pas été ouverts au public pendant un long moment, ainsi que certains équipements et installations qui n’ont pas été utilisés depuis longtemps, peuvent présenter des risques cachés pour la sécurité. Chaque lieu doit donc organiser avec zèle une inspection approfondie et détaillée portant sur la sécurité des bâtiments, la sécurité électrique, la sécurité incendie, la sécurité alimentaire, la sécurité des activités, etc. Cette inspection doit couvrir tous les domaines et ne pas présenter d’angle mort.

Quatrièmement, il faut mettre en œuvre une série de mesures de prévention et de contrôle. Sous la direction du groupe pilote local de prévention et de contrôle de l’épidémie, sur la base des mesures de prévention et de contrôle existantes, il faut, après ouverture, améliorer et affiner la mise en œuvre de ces mesures, comme les inscriptions préalables et la limitation du nombre de participant afin de pouvoir contrôler la densité des personnes présentes dans les locaux. Théoriquement, le nombre de personnes présentes ne doit pas dépasser la moitié de la capacité habituelle des locaux. Toute personne pénétrant dans le lieu culte doit faire contrôler sa température, porter un masque, détenir un « code vert » [4] et respecter la distance d’un mètre dans les files. L’église doit mettre en place des sièges séparés et s’abstenir pour le moment d’organiser de grands rassemblements religieux. Ces mesures de prévention et de contrôle de l’épidémie doivent être organisées et mises en œuvre et avec soin, comme un devoir envers le peuple.

Cinquièmement, il faut établir rigoureusement un plan d’urgence. Chaque site doit non seulement définir des objectifs clairs de prévention et de contrôle, un plan d’action et des procédures à suivre, mais également répartir clairement les tâches et les responsabilités entre les entités. Il faut aussi mettre en œuvre des mesures de prévention et de contrôle, et constituer des stocks de matériel de prévention de l’épidémie. Garantissez la circulation des informations : en cas de situation anormale ou de problème inattendu, il faut réagir immédiatement et avertir les autorités compétentes locales.

Les « deux associations » catholiques de la province du Zhejiang,

29 mai 2020

[1] Front Uni (中共中央统一战线工作部) : Organe du Parti Communiste Chinois chargé des relations et de la coordination avec les organisations et les personnes qui ne sont pas du Parti Communiste afin qu’elles agissent dans le sens des intérêts du Parti.

[2] 双暂停一延迟 : « deux suspensions et un report », c’est-à-dire : fermeture temporaire des lieux publics d’activité religieuse, arrêt temporaire des activités religieuses collectives, report de la reprise des enseignements religieux.

[3] Façon de décrire comment les ordres venus d’en haut doivent être mis en œuvre à la base, les responsables locaux devant prendre leur responsabilité après avoir reçu et entendu les instructions.

[4] Les applications des téléphones portables les plus populaires tels que Alipay et Wechat, renseignées des données personnelles de déplacement et de santé de leurs utilisateurs, ont été dotées d’une extension grâce à laquelle le gouvernement attribue à chacun un code QR vert, jaune ou rouge selon le risque d’avoir été infecté par le coronavirus.

Crédit : Peter Potrowl / CC BY-SA 3.0