Eglises d'Asie – Chine
Des catholiques chinois adressent un message de gratitude à Benoît XVI
Publié le 01/03/2013
… a été distribuée par les services du Vatican dans la salle de presse du Saint-Siège. On peut y lire un message de gratitude et de remerciement pour la sollicitude que le pape a témoignée envers l’Eglise en Chine et le peuple chinois.
L’identité des rédacteurs de cette lettre n’est pas connue, ou, à tout le moins, n’a pas été divulguée par le Saint-Siège. Les auteurs de la lettre y expriment tout d’abord « le choc et la tristesse » qu’ils ont ressentie à l’annonce, le 11 février dernier, de la renonciation de Benoît XVI à son pontificat, mais aussi leur gratitude pour « l’attention spéciale » que le pape a portée à la Chine.
« Même si vous n’avez pas eu la possibilité de visiter la Chine, nous nous souviendrons avec émotion de l’affection et à l’amour que vous avez manifesté au peuple de Chine et aux catholiques chinois », confient les auteurs de la lettre, qui poursuivent : « Vous avez promu le dialogue et vous avez allégé le poids de la croix que nous portons par le témoignage de votre sollicitude à notre égard et par vos bénédictions pour la Chine et le peuple chinois. »
En référence très certainement à la Lettre de 2007, qui constitue la « feuille de route » de Benoît XVI aux catholiques de Chine, les auteurs de la lettre écrivent encore : « Nous savons que vous avez accordé une attention particulière à la Chine et que vous avez réservé une place spéciale à l’Eglise catholique en Chine dans votre cœur. Nous n’oublierons jamais que, durant les huit années écoulées, les messages que vous avez adressés à la Chine n’étaient porteurs que de salutations amicales, d’espoirs élevés et de souhaits les plus chaleureux. »
En une allusion aux divisions du corps ecclésial chinois et notamment au fait que, ces derniers temps, des prêtres chinois ont accepté l’épiscopat sans y être autorisé par Rome, ils poursuivent en ces termes : « En dépit des conflits et des difficultés, en dépit de la tristesse et des déceptions que nous avons pu vous procurer, vous avez toujours porté paternellement dans votre cœur la Chine et l’Eglise catholique en Chine. » Ils remercient aussi Benoît XVI pour son « attitude inconditionnellement libre face au pouvoir » et sa « réponse humaine, persévérante et forte aux défis qui n’ont pas manqué ».
« Pardonnez nos faiblesses et nos limites », implorent-ils en conclusion, avant de demander à Benoît XVI, dans sa retraite, de « continuer à prendre soin du petit troupeau en Chine » et de « rester en contact avec le peuple chinois dans la prière ».
Comme le rapporte l’agence I-Media, le P. Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a confié lors de la distribution de ce texte aux journalistes qu’il s’agissait là d’une « très belle lettre qui rappelait toutes les fois où le pape s’était adressé de façon encourageante à la Chine, y compris dans les moments difficiles ».
Du côté du gouvernement chinois, la renonciation de Benoît XVI n’a entraîné aucune réaction officielle, sinon une déclaration du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères le 18 février dernier. Répondant à la question d’un journaliste étranger, Hong Lei a déclaré : « Nous espérons que, sous le nouveau pontificat, le Saint-Siège adoptera une attitude souple et pragmatique créant les conditions d’une amélioration bilatérale. » Le porte-parole ajoutait à cela les deux invariants de la position officielle de la Chine populaire envers Rome, à savoir la rupture des relations diplomatiques que le Saint-Siège entretient avec Taiwan et la « non-ingérence du Vatican dans les affaires intérieures chinoises sous couvert de religion ».
Concernant Taiwan, Rome a indiqué de longue date sa disposition à transférer sans délai sa nonciature de Taipeh à Pékin – et, en gage de bonne volonté, depuis 1971, sa présence diplomatique à Taiwan a été réduite au rang d’un simple chargé d’affaires par intérim. Concernant la non-ingérence dans les affaires intérieures chinoises, la formule recouvre la question de la nomination des évêques et le fonctionnement de l’Eglise en Chine. A ce jour, le gouvernement chinois n’a pas montré qu’il était prêt à renoncer ou amender sa politique envers les religions, quelles qu’elles soient, et qui consiste en un contrôle étroit des activités religieuses par le pouvoir politique. La proposition lancée en octobre 2012 par le cardinal Filoni, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, visant à mettre en place « une commission permanente au plus haut niveau » entre la Chine et le Saint-Siège, n’a pas, semble-t-il, été saisie par Pékin.