Eglises d'Asie

Un millier de personnes rassemblées pour une marche interreligieuse en faveur de la paix et de l’unité

Publié le 24/09/2015




A Shah Alam, dans le Selangor, Etat qui entoure les districts fédéraux de Kuala Lumpur et de Putrajaya, près d’un millier de personnes se sont rassemblées en signe d’unité, le 16 septembre dernier, jour anniversaire de la création de la Fédération de Malaisie. La « Marche interreligieuse pour la …

fraternité », créée en 2013 par la paroisse catholique Church of Divine Mercy, a pour but de promouvoir la paix, le respect et l’unité, des valeurs particulièrement chahutées dans le contexte que connaît actuellement le pays.

Nouveauté cette année : cette marche, co-organisée par différentes confessions religieuses, a permis de réunir des Malaisiens musulmans, bouddhistes, sikhs, hindous, baha’is et chrétiens, alors que la vie politique nationale est très tendue et que les tensions ethnico-religieuses sont utilisées à des fins politiques. Avant que la marche ne commence, les participants ont chanté solennellement l’hymne national.

« L’unité doit être notre priorité puisque nous sommes tous malaisiens. Nous avons chacun notre propre religion qui est notre chemin spécifique vers Dieu, mais nous avons aussi à respecter la foi des autres », a indiqué le P. Simon Labrooy, curé de la paroisse The Church of Divine Mercy, pour qui il est essentiel de rassembler les citoyens sur les valeurs d’unité et de paix, indépendamment des différences de « race » – ainsi que l’on désigne l’appartenance ethnique en Malaisie – et de religion « Aujourd’hui, jour de la fête nationale, nous voulons montrer le véritable visage de la Malaisie ; celle où les Malaisiens agissent, vivent et travaillent ensemble ; c’est seulement de cette manière que nous pourrons avancer ensemble sur le chemin de l’unité », a déclaré Vincent S.C. Lim, président de la Buddhist Society de Shah Alam.

Depuis plusieurs mois, en effet, les tensions ethnico-politiques montent au sein de la société malaisienne, à mesure notamment que l’insatisfaction croît à l’encontre du Premier ministre Najib Razak, malais et président de l’UMNO (United Malays National Organization), principal parti d’une coalition au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1957. Soupçonné de détournement de fonds dans l’affaire dite du 1MDB (« 1 Malaysia Development Barhad »), le fonds d’investissement stratégique de l’Etat, Najib Razak aurait touché, sur ses comptes privés, la somme colossale de 700 millions de dollars en provenance de ce fonds. Fin août, à Kuala Lumpur, ce sont près de 300 000 personnes qui se sont rassemblées pacifiquement autour de la Place de l’indépendance, pendant deux jours. A l’appel du mouvement citoyen Bersih2.0 (« Bersih » signifie « propre » en malais), les manifestants, principalement des urbains issus des classes moyennes et d’origine chinoise (1), réclamaient des élections libres, un gouvernement propre, une économie saine et la liberté d’expression.

En effet, pour faire taire les voix dissonantes et tenter d’enrayer la montée de l’opposition, le gouvernement n’hésite pas à lancer des enquêtes judiciaires au nom « d’activités organisées contre la démocratie » et à diviser les communautés sur des lignes liées à l’appartenance de « race » ou de religion.

Véritable outil de répression utilisé par le gouvernement malaisien depuis deux ans, le Sedition Act, loi de 1948, a permis au Premier ministre de museler l’opposition en lançant des procédures judiciaires à l’encontre de journalistes, blogueurs ou opposants politiques. Le caricaturiste Zunar risque ainsi jusqu’à 43 ans de prison pour avoir publié neuf dessins de presse sur Twitter, dénonçant la corruption du gouvernement de Najib Razak ainsi que le procès de l’opposant politique Anwar Ibrahim.

Pour Yaakob Sapari, membre de l’opposition au sein de l’assemblée législative qui était présent lors de la marche interreligieuse pour la paix, « il y aura davantage de compréhension dans la société si nous prenons les moyens de nous réunir. Si chacun s’ignore : chinois, malais et indiens, on ne pourra pas se comprendre. Mais si nous créons du lien, nous serons à même de mieux nous connaître et de nous respecter, et ainsi nous pourrons vivre en paix et en harmonie ». Après la marche, les responsables religieux ont, ensemble, lancé une colombe dans le ciel, en signe de paix et de liberté.

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Légende photo : Lâcher de colombe à Shah Alam, le 16 septembre 2015. (DR)

(eda/nfb)