… la mission a obtenu un permis pour une durée de trois ans. Cette autorisation officielle permettra notamment de faire une demande de visa afin qu’un prêtre missionnaire étranger puisse venir en poste dans cette nouvelle mission catholique.
Erdenet, qui signifie « Précieux, ayant-du-prix », en référence à ses gisements de cuivre (une des plus grandes mines d’Asie), compte plus de 80 000 habitants. Fondée à l’époque communiste par décision soviétique, cette ville minière, particulièrement riche en comparaison du niveau de vie du reste du pays, a vu l’arrivée des premiers missionnaires catholiques en 2003, ainsi que celle de communautés protestantes qui se sont rapidement développées.
L’Eglise catholique à Erdenet
La jeune communauté catholique d’Erdenet, qui pour l’instant loue une simple salle pour se réunir, rassemble une vingtaine de fidèles chaque dimanche. Des cours de catéchuménat sont organisés pour les adolescents et adultes qui envisagent de demander le baptême et des catéchèses permettent d’enseigner les bases de la foi catholique à la dizaine de baptisés de la mission.
L’Eglise catholique est pourtant présente officiellement à Erdenet depuis 2003, date de l’ouverture d’une école maternelle tenue par les scheutistes (CICM, Congrégation du cœur immaculé de Marie) et destinée aux enfants les plus pauvres. Néanmoins, l’enseignement de la religion n’y est pas possible, car la loi mongole interdit aux écoles d’enseigner la religion.
Les protestants
« Les autorisations et les relations avec les autorités civiles ont toujours été plus faciles à Erdenet qu’à Oulan-Bator », estime William Manley, ancien directeur de JCS, un consortium d’agences chrétiennes, et directeur de Mary and Martha, un magasin de commerce équitable à Oulan-Bator.
JCS, dont le siège est à Oulan-Bator, a monté, à Erdenet, une école maternelle, un café et un temple « Assemblée de Jésus », qui n’a pas de bâtiment propre mais dont le culte est fréquenté en moyenne par 300 fidèles. Entièrement dirigée par des Mongols, JCS est la communauté protestante qui compte le plus grand nombre de fidèles parmi les églises chrétiennes de Mongolie ; elle a permis la fondation d’autres temples protestants.
La communauté baptiste, pour sa part, rassemble une centaine de fidèles autour de son pasteur coréen.
Une autorisation relativement rapide
Alors que le pays est en pleine campagne électorale pour les prochaines élections législatives, la date de l’autorisation accordée à la mission catholique d’Erdenet, cinq mois après la première demande de la communauté catholique, surprend un peu. Il est probable que cette autorisation ne soit pas liée au sommet des chefs d’Etat du Dialogue Europe/Asie (ASEM 11) qui se tiendra en juillet prochain à Oulan-Bator et que la demande a simplement été traitée comme une affaire locale mineure. Bien que les délais n’aient pas été respectés (la loi oblige les administrations à répondre dans les trente jours), la réponse positive obtenue en quelques mois contraste avec la politique de refus menée par la Province centrale tout au long de ces vingt dernières années ; jusqu’à récemment en effet, les autorités de cette province rejetaient les demandes d’ouverture d’églises chrétiennes, y compris à celles de l’Eglise catholique.
Cette différence de ton indique sans doute que l’autorisation de l’ouverture de la mission catholique de la Divine Miséricorde relève d’une décision politique locale, sans interférence de la part du pouvoir central. Elle témoigne également de différences régionales importantes entre la manière de fonctionner de la Province centrale, qui a une tradition bouddhiste affirmée, et celle d’Erdenet, fondée par des étrangers (des milliers de Russes y habitaient à l’époque communiste), plus habituée et ouverte aux autres religions.
Le président de la Mongolie, Tsakhiagiin Elbegdorj, connu pour son ouverture politique à l’étranger, est lui-même originaire d’Erdenet. En octobre 2011, il avait été reçu en audience au Vatican, par le pape Benoît XVI.
A Erdenet, le champ d’action missionnaire de l’Eglise catholique reste vaste et varié : des étudiants aux prisonniers en passant par la pastorale de la santé (hôpital psychiatrique et hôpital provincial), la pastorale des migrants mongols en voie de sédentarisation, sans oublier la pastorale en milieu professionnel, notamment auprès des milliers d’employés de la mine de cuivre qui évoluent dans un milieu corrompu et travaillent dans des conditions difficiles.
Présence multi-religieuse à Erdenet, une exception mongole ?
La ville d’Erdenet compte également une communauté mormone, une petite communauté musulmane et une école secondaire turque ainsi qu’une toute petite communauté orthodoxe russe, peu active. Il existe également quelques temples bouddhistes, et une épisodique manifestation chamaniste d’ampleur, l’activité ordinaire des chamanes se déroulant dans la sphère privée.
Conformément à la loi mongole, le chef officiel d’un organisme religieux doit être de nationalité mongole. Comme il n’y a pas encore de prêtre catholique de nationalité mongole – le premier prêtre mongol sera ordonné le 28 août prochain (2) –, officiellement tous les responsables des communautés catholiques, y compris la préfecture apostolique, sont des laïcs. Les titres de propriété des terrains doivent également appartenir à un citoyen mongol, ce qui n’est pas sans susciter des problèmes lorsque le laïc en question (en générale une laïque) cumule les fonctions de responsable légal, est rémunéré par son Eglise et est juridiquement propriétaire des terrains de l’Eglise.
(eda/nfb)