Eglises d'Asie – Chine
Décès de Mgr Lucas Li Jingfeng, l’une des personnalités les plus connues de l’Eglise en Chine
Publié le 17/11/2017
Né en 1922 dans le comté de Gaoling au sein d’une famille profondément catholique, il a été ordonné prêtre en 1947. Arrêté en 1959, il est condamné aux camps de rééducation et de travail, comme tous ou quasiment tous les membres du clergé de sa génération. Une fois libéré, en 1979, il a oeuvré pour la reconstruction des communautés catholiques dans sa province du Shaanxi.
Consacré dans la clandestinité, après 20 années passées dans les camps de travail
Consacré dans la clandestinité évêque auxiliaire de Fengxiang en 1980, puis évêque en 1983, il a pris la tête d’une communauté catholique qui refusait obstinément de rejoindre les structures « officielles » de l’Eglise, en dépit des campagnes des autorités locales visant à imposer l’Association patriotique des catholiques chinois. De ce fait, la cathédrale, les églises, le séminaire et différentes organisations de ce diocèse sont longtemps restées « clandestines » tout en étant physiquement bien visibles aux yeux de tous.
En 2004, sur les conseils de Mgr Li Du’an, évêque « officiel » de Xi’an, Mgr Li Jingfeng décidait, pour le bien de l’unité de l’Eglise dans le Shaanxi, de « faire surface », c’est-à-dire d’obtenir du gouvernement qu’il reconnaisse sa qualité épiscopale – ce qui fut fait. Cependant, Mgr Li Jingfeng a toujours refusé depuis toute adhésion à l’Association patriotique et toute affiliation à la Conférence épiscopale « officielle ».
En mai 2011, devenu âgé mais toujours en bonne forme physique et intellectuelle, il a organisé l’élection de celui qui sera son successeur, veillant ainsi à la continuité de la succession apostolique dans son diocèse tout en tenant à distance les organes gouvernementaux et en veillant au respect des règlements officiels chinois.
D’une entière fidélité à l’Eglise et au Saint-Père
Personnalité d’une fidélité entière à l’Eglise et à la figure du pape, appartenant à une génération formée avant 1949 (ce qui explique sa maîtrise du latin, alors lingua franca de formation du clergé en Asie), Mgr Li figurait en 2005 parmi les quatre évêques du continent chinois invités par Benoît XVI à participer au Synode sur l’Eucharistie. Une invitation alors présentée par le Saint-Siège comme « un geste d’ouverture et de bonne volonté » envers la Chine. Aucun des quatre évêques n’avait toutefois obtenu de Pékin l’autorisation de se rendre à Rome.
Le 16 octobre 2012, lors de la 13ème congrégation générale des pères synodaux réunis à Rome pour évoquer « la nouvelle évangélisation », il avait créé la surprise en faisant parvenir une missive, appelant sans détour l’Eglise catholique à plus de « ferveur ». Et d’expliquer que l’Eglise de Chine, en particulier dans ses laïcs, « a toujours gardé la piété, la fidélité, la sincérité et la dévotion des premiers chrétiens », même durant cinquante années de persécution.
Les funérailles de Mgr. Li auront lieu le 25 novembre.
(eda/rg)