Eglises d'Asie

Le voyage du pape aux Philippines sera centré sur les pauvres et les victimes des catastrophes naturelles

Publié le 09/09/2014




Deuxième volet du déplacement du pape François en Asie en janvier prochain, le voyage du Souverain pontife aux Philippines commence à révéler son programme. Le pape François semble vouloir privilégier le contact avec les pauvres et les victimes des catastrophes naturelles.

Fin août, le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, a déclaré à CBCP News, service d’information de la Conférence des évêques catholiques philippins, que la visite, qui se déroulera du 15 au 19 janvier prochains, « se présentait désormais sous une nouvelle configuration : la venue du pape n’est pas simplement une visite générale ou générique, mais vise à témoigner de la solidarité que le Saint-Père manifeste auprès des victimes et des survivants ainsi que de la prière qu’il aura avec eux ». Le cardinal a précisé que le pape venait « spécialement pour rencontrer ceux qui ont souffert des typhons et des tremblements de terre qui ont frappé le pays l’an dernier ».

Présent en Corée du Sud lors du récent voyage du pape dans ce pays, Mgr John Du, archevêque de Palo, ville très touchée par le typhon Haiyan (Yolanda) qui a ravagé toute une partie des Visayas, au centre-est des Philippines, le 8 novembre 2013, s’est entretenu avec le pape. Les deux hommes ont évoqué la visite à venir aux Philippines et le pape, a rapporté l’évêque, a clairement exprimé le souhait de passer du temps auprès des victimes. « Si possible, le pape souhaite rester à l’écart des VIP et des puissants », a expliqué Mgr John Du au Philippine Daily Inquirer.

En provenance du Sri Lanka, le pape atterrira à Manille le 15 janvier. Il devrait concentrer sa visite sur Manille et sa région ainsi que sur les Visayas. Le samedi 17 janvier, il est prévu qu’il s’envole pour Tacloban, sur l’île de Leyte, au cœur de la région qui a été ravagée par le typhon Yolanda. Il y trouvera des infrastructures qui sont loin d’être toutes reconstruites. Les autorités mettent les bouchées doubles en ce moment pour achever la réhabilitation de l’aéroport, dont la piste n’a pas fini d’être réparée. En dépit de ces travaux, l’aéroport est fermé au trafic de nuit et, de ce fait, le pape ne pourra passer que quelques heures sur place.

A ce stade, le programme prévoit une arrivée de l’avion papal à 10h à l’aéroport de Tacloban. Il devrait célébrer la messe sur place, l’aéroport étant le seul lieu susceptible d’offrir assez d’espace pour un tel rassemblement. Les impératifs de sécurité aérienne imposent que son avion redécolle à 16h30. Durant ces quelques heures sur place, le pape ira bénir la cathédrale de Palo, fraîchement rénovée, et partagera son déjeuner avec trente victimes du typhon Yolanda et du tremblement de terre qui, le 15 octobre 2013, avait très durement touché l’île voisine de Bohol. Mgr Leonardo Medroso, évêque de Tagbilaran, chef lieu de l’île de Bohol, espère que le pape pourra se rendre sur son île, à portée d’hélicoptère depuis Tacloban, afin qu’il constate par lui-même que les 33 églises détruites par le tremblement de terre sont toujours à terre et que les fidèles célèbrent la messe sous des tentes.

Selon Mgr Pedro Arigo, vicaire apostolique de Puerto Princesa, à Palawan, si les Philippins sont connus pour leur sens exubérant de l’accueil, l’Eglise des Philippines doit veiller à ce que cette visite papale garde un caractère « modeste » pour ne pas apparaître comme une gifle à la face de ceux qui n’ont rien ou très peu pour vivre. L’évêque demande également à ses compatriotes de ne pas accueillir le pape « comme une célébrité », mais plutôt de saisir sa venue aux Philippines comme une occasion d’« intérioriser le message que celui-ci apporte ».

Le pape François sera le troisième pape à visiter les Philippines, premier pays catholique de la région, près de 85 % des 107 millions de Philippins s’affirmant catholiques. En novembre 1970, le pape Paul VI avait visité Manille et s’était adressé à la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC). Jean-Paul II s’était, quant à lui, rendu deux fois aux Philippines, la première fois en février 1981 pour un voyage qui l’avait mené à Davao, Bacolod, Cebu, Legazpi, Baguio et Morong, sans oublier Manille ; puis en janvier 1995, pour les Xèmes Journées mondiales de la jeunesse, où une foule considérable s’était réunie autour de lui. Sur un plan sécuritaire (les visites de Paul VI et de Jean-Paul II avaient été émaillés d’incidents plus ou moins sérieux), le gouvernement philippin souligne que toutes les dispositions seront prises pour que le pape François « soit en sécurité » lors de son séjour aux Philippines.

(eda/ra)