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Exode vers leurs régions d’origine des colons musulmans établis au Timor occidental et en Irian Jaya

18 mars 2010
Selon une dépêche publiée par l’agence nationale indonésienne Antara, a la suite des émeutes anti-musulmanes du 30 novembre (7), plus d’un millier de musulmans se prépareraient à quitter en bateau le territoire de Timor Occidental où la majorité de la population est chrétienne. Selon ces informations, 1 256 colons musulmans originaires de l’île des Célèbes (Sulawesi) arrivés sur les lieux dans les années récentes, s’apprêtaient à s’embarquer, le 9 décembre, à destination de leur province natale avec l’intention de revenir sur place, une fois le calme rétabli.


Communiqué de la Conférence des Evêques catholiques d’Indonésie “Arrêtez la violence envers notre jeunesse”


1. Juste six mois après la mort par balles de quatre étudiants en mai dernier, violence et brutalité reviennent à nouveau, avec une force accrue. De nouveau, des étudiants et d’autres personnes sont tuées, victimes de la répression cruelle des forces de sécurité, des centaines d’autres sont blessées, certaines dans un état critique.


Java oriental : meurtres en série de personnes accusées de sorcellerie et magie noire


Plusieurs évêques se sont émus des assassinats en série qui jusqu’à présent ont causé la mort d’une centaine de personnes accusées de sorcellerie ou de magie noire, dans le district de Banyuwangi, dans la partie extrême orientale de Java. Les meurtres ont commencé à être commis depuis le mois de mai et se sont multipliés en septembre dernier. Mgr Herman Yoseph S. Pandoyoputra, évêque de Malang, a écrit à ce sujet un communiqué qui a été lu dans toutes les églises de son diocèse, le 18 octobre. “Notre conscience a été gravement blessée, a-t-il écrit, en apprenant que plusieurs de ces victimes étaient des personnes qui enseignaient le bien, tels que des enseignants ou des prédicateurs musulmans”.


Création d’une Association de théologiens catholiques de l’Indonésie


Au cours d’une réunion qui, du 20 au 22 octobre, a rassemblé à Yogyakarta, pour la première fois, 28 enseignants des grands séminaires et des instituts de pastorale et de catéchèse du pays, a été fondée l'”Association des théologiens indonésiensParticipaient également à cette réunion de fondation, Mgr Anicetus Bogsu Sinaga de Sibolga et Mgr Blasius Pujaraharja de Ketapang, présidents respectifs de la commission de théologie et de la commission des séminaires.


Avant les manifestations commencées la semaine dernière, le chef des forces armées a mis en garde contre la radicalisation du mouvement de réforme


Quelques jours avant que n’éclatent les actuels troubles de Jakarta, déclenchés par la convocation de l’Assemblée consultative, le 9 novembre, le chef des forces armées philippines, le général Wiranto, aujourd’hui principal responsable du maintien de l’ordre en tant que ministre de la défense et de la sécurité, avait mis en garde la population contre les débordements auxquels pourrait conduire l’actuelle contestation du pouvoir. Le 4 novembre en effet, dans une réunion publique organisée par les musulmans à Jakarta, le général Wiranto avait alerté la population sur les dangers qui guettaient l’actuel mouvement de réformes s’il n’était pas contrôlé. Il pourrait déboucher sur une révolution, a-t-il précisé, et si c’était le cas, l’Indonésie perdrait une fois de plus la liberté à laquelle elle aspire.


Les étudiants descendent dans la rue tandis que l’assemblée consultative siège et que l’opposition s’unit


Comme l’on s’y attendait, et malgré la présence de très nombreuses forces de l’ordre, la convocation de l’Assemblée consultative du peuple, le 10 novembre, a immédiatement provoqué, dès le jour d’ouverture, des manifestations qui n’ont cessé de croître en violence tout au cours de la semaine. Le 11 novembre, un incident a eu lieu alors qu’un cortège de 2 000 personnes faisait face à un barrage militaire. Une voiture qui roulait en tête des manifestants a heurté des soldats qui ont ouvert le feu au-dessus des têtes des manifestants. On a dénombré cependant neuf blessés. Le 12 novembre, les choses se sont encore aggravées. Alors que des dizaines de milliers d’étudiants tentaient de s’approcher du parlement, les forces de l’ordre ont tiré sur eux à balles en plastique durci, avec des canons à eau et des grenades lacrymogènes. En fin de journée, une centaine de blessés avaient été amenés dans les hôpitaux de la ville. Dans la matinée du vendredi 13 novembre, les journaux indonésiens faisaient état de deux morts, un jeune manifestant et un policier, victimes des heurts de la veille. Bien que le général Wiranto ait annoncé que “la situation dans la capitale était sous contrôle”, la population s’attendait au pire, en cette journée de clôture de la session extraordinaire de l’Assemblée consultative du peuple. Le 14 novembre, en milieu de journée, le bilan était déjà de neuf morts.


Les troubles de Jakarta du 22 novembre ont fait 14 victimes; quatorze églises chrétiennes ont aussi été détruites


Selon les récits rapportés par la presse, l’émeute du 22 novembre au cours de laquelle au moins 14 personnes ont été tuées et 14 églises catholiques et protestantes ravagées, a eu son origine dans une bagarre survenue, la nuit précédente, au village de Ketapang, dans le centre de Jakarta. Cette nuit-là, une altercation a mis aux prises des musulmans du lieu et les gardiens d’un bâtiment soupçonné abriter des jeux d’argent. Cette première affaire a pris fin très rapidement grâce à l’intervention de dirigeants religieux locaux. Cependant, très vite, une fausse rumeur s’est répandue selon laquelle un “musholla” (lieu de culte musulman) aurait été brûlé et un ministre du culte musulman assassiné par ces agents de sécurité, dont la plupart sont des chrétiens de l’île d’Amboine, une des principales îles de l’archipel des Moluques.


Après les troubles : réactions du cardinal Julius Darmaatmadja, de la hiérarchie catholique, de la Communion des Eglises protestantes


Dès le lendemain des événements, l’archevêque de Jakarta, le cardinal Julius Darmaatmadja a confié à la presse la profonde émotion que lui avaient causée les troubles de la veille. Il s’est déclaré très gravement troublé. “Je suis triste, a-t-il déclaré, à la pensée que cette bagarre entre deux petits groupes ait donné lieu à des attaques d’églisesSelon le cardinal, les incidents du 22 novembre n’ont pas seulement causé des dommages matériels, mais ils ont contribué à créer un sentiment d’insécurité chez les chrétiens à Jakarta et ailleurs. Il a particulièrement insisté sur les effets moraux et psychologiques de l’émeute. Une attaque des lieux de culte est une “humiliation” infligée à la religion. S’en prendre à un “musholla” (lieu de culte musulman), c’est humilier des musulmans. De même, la destruction des églises témoigne d’une volonté d’humiliation des chrétiens.


Avant les troubles de Jakarta du 22 novembre, des cris d’alarme avaient été lancés par diverses instances chrétiennes et musulmanes


Quelques jours avant que n’éclatent les émeutes de Jakarta (7), dans les milieux chrétiens indonésiens qui ne constituent qu’une minorité de la population à 90 % musulmane, des mises en garde s’étaient fait entendre, dénonçant un climat de violence peu propice à la cohabitation pacifique des fidèles de diverses religions. C’est ainsi que, le 19 novembre précédent, l’Association biblique indonésienne avait publié un communiqué rappelant que, durant les six années écoulées, 480 lieux de culte chrétiens avaient été partiellement ou totalement endommagés et que ces agressions avaient créé chez les chrétiens un climat de grande inquiétude. Le communiqué citait aussi une récente remarque du président Habibie selon laquelle les destructions d’églises ne signifiaient pas qu’il y ait une guerre ouverte entre les adeptes des divers groupes religieux de la société.


Timor occidental : neuf mosquées endommagées, un quartier musulman mis à sac par des manifestants chrétiens à Kupang


A Kupang, capitale de la province de Nusa Tengara occidental (Timor occidental), une province à majorité chrétienne, le 30 novembre dernier avait été déclaré jour de deuil en commémoration des 13 victimes des violences anti-chrétiennes survenues la semaine précédente à Jakarta (5), qui avaient aussi détruit une vingtaine de lieux de culte selon les dernières estimations. Le rassemblement organisé ce jour-là par le Forum des jeunes chrétiens (regroupant des catholiques et des protestants) était seulement destiné à exprimer une protestation pacifique. Cependant la manifestation n’a pas tardé à se livrer aux mêmes excès qu’elle prétendait dénoncer et s’est très rapidement transformée en mouvement anti-musulman. Un premier bilan des dégâts faisait état de quatre mosquées endommagées. Un recensement plus complet effectué une semaine plus tard évaluait à 9 le nombre des mosquées détruites ou brûlées et à une vingtaine les habitations et commerces musulmans pillés ou incendiés.