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Moluques : l’attaque d’un village chrétien fait 14 morts et compromet le retour à la paix dans l’archipel

18 mars 2010
L’attaque d’un village chrétien par des assaillants musulmans au cours de laquelle 14 chrétiens ont péri constitue le plus grave et récent accroc au processus de retour à la paix civile dans l’archipel des Moluques et pourrait compromettre les chances de succès de l’accord de Malino, accord signé le 12 février dernier et sur lequel les Moluquois comptaient pour mettre fin à trois années d’un conflit intercommunautaire meurtrier (1). L’attaque de ce village, dans la nuit du samedi à dimanche 27-28 avril, s’il témoigne du caractère volatil de la situation aux Moluques et plus particulièrement à Amboine, chef-lieu de la province, ne manque pas d’interroger sur l’attitude des forces de sécurité dont certains signes indiquent qu’elles paraissent à nouveau divisées sur la conduite à tenir, divisions qui, au cours des trois années de conflit, avaient été un facteur d’accentuation des violences commises entre chrétiens et musulmans.


A Aceh, où la charia est officiellement en vigueur pour les musulmans depuis le 15 mars 2002, la petite communauté chrétienne se montre unie et résolue à affirmer son identité


Peuplée de quatre millions de personnes, musulmanes à 98 %, la province d’Aceh, où l’armée livre une lutte sans merci au mouvement indépendantiste du GAM (Mouvement pour Aceh libre), vit officiellement depuis le 15 mars dernier sous le régime de la charia, la loi musulmane. En vigueur en réalité depuis plusieurs mois (1), la charia n’est en principe applicable qu’aux musulmans de la province et ne concerne pas les non-musulmans. Parmi ces derniers se trouve une petite communauté chrétienne, forte de quelques centaines de membres (2). Joint par téléphone par l’agence Ucanews, le P. Fernando Severi, missionnaire franciscain d’origine italienne et curé de l’unique paroisse catholique de la province, la paroisse du Sacré-Cœur à Banda Aceh, estime que l’application de la charia représente un “défi” pour les chrétiens d’Aceh. Selon lui, les chrétiens sont appelés à saisir cette “opportunité” pour “montrer leur identité chrétienne non seulement par des symboles mais aussi en témoignant de leur foi dans la société”.


Au Timor occidental, l’intérêt de certains jeunes pour la Légion de Marie surprend bon nombre de catholiques plus âgés


Au Timor occidental, l’intérêt manifesté par les jeunes pour la Légion de Marie a surpris un certain nombre de leurs aînés. “La Légion de Marie est souvent perçue comme une dévotion vieillotte mais, à ma grande surprise, de plus en plus de jeunes viennent nous rejoindre”, a déclaré Frans Fernandez, responsable de la Légion de Marie à Kupang. Selon lui, la Légion de Marie était connue pour sa piété fondée sur une prière intensive et des activités apostoliques nombreuses. Pourtant, dit-il, l’intérêt des jeunes qui la rejoignent « montre que ce n’est pas une spiritualité vieillotte pour personnes âgées”. Fondée par un laïc de Dublin (Irlande), Frank Duff, en 1921, la Légion s’est répandue un peu partout dans le monde et compte aujourd’hui des millions de membres. Elle a été introduite en Indonésie en 1951, d’abord dans l’archidiocèse de Medan, au nord de Sumatra, puis à Semarang, au centre de Java. En 1960, elle s’est développée également à Florès et au Timor occidental.


VERS UN RETOUR DES MILITAIRES EN POLITIQUE ?


Lorsque le président Suharto a été chassé du pouvoir en 1998, les réformistes, enthousiastes, ont rapidement entrepris de réduire l’influence politique de la machine militaire qui avait durant si longtemps contribué à la survie d’un système dictatorial. La représentation des forces armées au parlement et dans la fonction publique a été réduite tandis que l’armée était contrainte d’adopter un profil bas eu égard aux abus et aux erreurs commises par elle dans le passé. Mais cette dernière ne s’est jamais complètement éloignée du pouvoir et aujourd’hui, ironie de l’histoire, les mêmes politiciens qui demandaient des comptes pour le sang versé sont ceux là même qui orchestrent le retour des militaires dans la perspective des élections législatives de 2004.


Célèbes : le nombre des séminaristes est en progression mais les responsables du séminaire doi-vent faire un important travail de discernement sur les motivations des candidats au sacerdoce


Au diocèse de Manado, sur l’île de Célèbes, le nombre des jeunes demandant à entrer au séminaire et souhaitant devenir prêtres est en continuelle progression. “J’ai vu ces trois dernières années le nombre des séminaristes du grand séminaire du Sacré Cœur augmenter de 35 %”, témoigne le P. Kristianus Ludong, supérieur du séminaire jusqu’à la date du 6 février dernier. Cependant, selon lui, les motivations de ces candidats au sacerdoce appellent un sérieux effort de discernement.


Des responsables religieux chrétiens et musulmans demandent à leurs fidèles de ne pas interpréter le conflit israélo-palestinien comme étant un conflit de nature religieuse


En réponse aux manifestations qui ont eu lieu ces derniers quinze jours en diverses villes du pays pour dénoncer les attaques israéliennes menées dans les territoires palestiniens, plusieurs responsables religieux tant chrétiens que musulmans ont appelé leurs fidèles au calme et à ne pas interpréter ce conflit comme un conflit de nature religieuse, dirigé contre l’islam. Le 4 avril dernier, après une rencontre avec le ministre des Affaires religieuses, Said Agil Husin al-Munawar, les principaux responsables catholiques, protestants et musulmans du pays se sont exprimés publiquement. Le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Djakarta, a ainsi déclaré que “de nombreux conflits n’ont en réalité rien à voir avec la religion mais, en Indonésie, ils sont considérés comme étant de nature religieuse”. Hasyim Muzadi, président de la Nahdlatul Ulama, la plus importante organisation musulmane de masse d’Indonésie, a expliqué que “les actions menées par Israël pouvaient être utilisées pour provoquer certains adeptes de certaines religions à se livrer à des violences ici”. Cité par le Jakarta Post, il a ajouté que “de nombreux Palestiniens sont musulmans, catholiques ou protestants et ces religions sont opposées à l’injustice : n’utilisons pas ce que fait l’Etat d’Israël pour provoquer les musulmans indonésiens à attaquer les chrétiens”. Le président de la Muhammadiyah, Syafi’i Ma’arif, était également présent à cette rencontre.


Moluques : un attentat à la bombe, qui a fait sept victimes – de confession chrétienne -, souligne la fragilité de la paix et la difficulté à mettre en œuvre tous les points de l’Accord de Malino


Le 3 avril dernier, l’explosion d’une bombe de forte puissance, jetée depuis une voiture en fin de matinée dans un quartier chrétien de la ville d’Amboine, a fait craindre un temps que l’accord de paix pour les Moluques, signé à Malino, sur l’île de Célèbes, le 12 février dernier (1), soit en péril. En effet, après l’explosion de la bombe, qui a fait sept morts – tous chrétiens – et une soixantaine de blessés, dont plusieurs gravement atteints, une foule composée de chrétiens s’est dirigée vers les bureaux du gouverneur de la province et y a mis le feu, le détruisant en grande partie (2). Ces événements ont laissé penser un moment que le cycle des violences ne reparte comme avant la signature de l’accord de paix (3). Cependant, bien que la situation reste tendue dans la ville d’Amboine, aucun autre incident grave n’a été à déplorer depuis. Selon Ferry Wattimury, responsable de communautés chrétiennes et un des signataires de la Déclaration de Malino II, l’attentat du 3 avril “n’a pas été perçu comme étant une attaque dirigée contre les chrétiens. Les gens savent ici que c’était une tentative visant à faire dérailler le processus de paix. Ils n’ont donc pas cherché à se venger en attaquant les musulmans. Dans le passé, un tel incident aurait provoqué des troubles bien plus graves et entraîné des combats pendant des jours”. Son analyse est partagée par Daud Sangadji, musulman et signataire lui aussi de l’accord de Malino : “Les gens en ont assez de se battre. Ils sont devenus plus conscients et ne se laissent pas aisément emporter par la provocation.”


Célèbes : dans la région de Poso, le plan proposé par le gouvernement pour reconstruire les lieux de cultes détruits ou endommagés ne fait pas l’unanimité


A la suite de l’accord de Malino, signé en décembre 2001 (1), le gouvernement, qui s’était engagé à rebâtir à ses frais les quelque 120 lieux de culte endommagés par trois années d’affrontements meurtriers, a décidé de conduire lui-même les travaux de reconstruction des édifices religieux. A Poso, les responsables religieux chrétiens ont toutefois clairement affirmé leur désaccord et fait savoir qu’ils entendaient eux-mêmes diriger la reconstruction ou la réparation de leurs églises.


Papouasie occidentale : la présence du Laskar Jihad dans la province est confirmée et les responsables religieux, chrétiens comme musulmans, s’en inquiètent


Depuis quelques mois, la nouvelle était connue : le Laskar Jihad, mouvement musulman extrémiste dit des “combattants de la guerre sainte” (1), a commencé à prendre pied en Papouasie occidentale, dans la partie la plus occidentale de la province, à Fak Fak et à Sorong notamment, deux localités situées face à l’île moluquoise de Céram (Seram) (2). Face à l’inquiétude soulevée dans les milieux religieux par la présence de ce groupe dont la présence aux Moluques a grandement contribué à entretenir et à envenimer le conflit entre les communautés chrétiennes et musulmanes, les responsables chrétiens, catholiques et protestants, ainsi que les responsables musulmans de Papouasie occidentale ont décidé d’enquêter sur les motifs de la présence du groupe dans leur province. Selon le frère franciscain J. Budi Herman, du secrétariat de la Commission Justice et paix’ du diocèse catholique de Jayapura, les responsables religieux se sont réunis à la fin du mois de mars à Jayapura, chef-lieu de la province, et ont décidé d’envoyer Zuweir Husein, de la branche papoue du MUI (Majelis Ulama Indonesia, Conseil indonésien des oulémas), à Sorong afin d’enquêter sur les motifs de la présence des combattants du djihad dans cette ville. Selon le quotidien indonésien Suara Pembaharuan, du 29 mars dernier, qui rapporte la nouvelle, les responsables religieux se réuniront à nouveau après le retour de Husein et discuteront de l’opportunité de publier un communiqué commun.


Célèbes : les catholiques de Poso, sans église et sans prêtre, ont célébré les offices de la Semaine Sainte et la fête de Pâques dans la demeure d’un particulier


Les quelques catholiques qui ont choisi de rester à Poso, dans la province de Célèbes-Centre, ont célébré les fêtes de Pâques sans église et sans prêtre mais dans la paix grâce à l’accord, signé à Malino en décembre 2001 et qui a mis fin aux affrontements entre chrétiens et musulmans (1). Leur lieu de culte, l’église Ste Thérèse, a brûlé il y a deux ans, en mai 2000, et, depuis cette date, c’est dans la maison d’un des leurs qu’ils se rassemblent une fois tous les quinze jours. Durant le conflit, qui a duré trois ans, de 1998 à 2001, 1 250 catholiques ont quitté la ville de Poso pour trouver refuge à Tentena ou à Morali. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une cinquantaine de catholiques à vivre à Poso, chef-lieu de la province, où ils vivent mal leur isolement.