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Dans un temple protestant de Djakarta où 200 personnes étaient rassemblées pour une veillée de prière pour la paix aux Moluques, une bombe a explosé – sans faire de victimes

18 mars 2010
Le 9 novembre dernier au soir, à 20h 45, une bombe a explosé dans l’église de Petra, lieu de culte de l’Eglise protestante de l’Indonésie occidentale et situé dans la banlieue nord de Djakarta. Au moment de l’explosion, environ 200 personnes étaient rassemblées pour la veillée de prières qui est organisée chaque mois dans cette église en faveur de la paix aux Moluques, cette province orientale de l’Indonésie où les communautés musulmane et chrétienne se déchirent depuis deux ans (1). Selon le révérend S. Mandik, pasteur de l’église de Petra, la bombe a été jetée à l’intérieur de l’église par une fenêtre mais “personne n’a été blessé par l’explosion qui a fait voler en éclat nombre de vitres. Les clous que contenait l’engin explosif ont endommagé une partie du toit de l’édifice”. Christian Kahattu, un chrétien assis non loin de l’endroit où a explosé la bombe, a estimé que “c’est vraiment un miracle si les clous sont allés se ficher sur les murs et dans le plafond, évitant ainsi un grand nombre de victimes”.


A l’issue de leur assemblée plénière annuelle, les évêques catholiques d’Indonésie appellent à reconstruire “l’image brisée de Dieu dans le pays”


Les évêques catholiques d’Indonésie se sont réunis du 5 au 15 novembre à l’occasion de l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale. Au nombre de 34, ils ont réfléchi et médité sur le thème “Dieu, celui qui donne la vie”. Le 15 novembre, à Djakarta, à l’issue de cette assemblée, le cardinal Julius Darmaatmadja a déclaré que lui et ses pairs attendent des catholiques indonésiens un engagement en faveur de la démocratie et du respect du droit afin de reconstruire “l’image brisée de Dieu dans le pays”. Selon lui, dans tous les secteurs de la société, “l’égoïsme et le communautarisme prévalent et les gens se battent pour leurs intérêts personnels, familiaux ou de groupe, délaissant le bien commun de la nation”. Dans leur communiqué commun, les évêques notent qu’il est devenu “courant” de prendre la vie d’autrui. Or, si la vie humaine n’est plus respectée, comment l’environnement pourrait-il être préservé ? De plus, notent les évêques, dans cette situation, ce sont les plus faibles, particulièrement les femmes et les enfants, qui souffrent le plus. Plus les gens sont proches des réalités de la vie quotidienne, plus ils réalisent que c’est une “culture de mort” qui semble présider aux destinées du pays, disent encore les responsables de l’Eglise.


Papouasie occidentale : après la mort mystérieuse du chef de file des indépendantistes, les évêques catholiques de la province appellent au respect de la dignité des personnes


“Le meurtre d’un dirigeant du mouvement indépendantiste papou nous choque à nouveau”. Tels sont les propos que trois évêques catholiques de la Papouasie occidentale ont tenus aux médias lors d’une conférence de presse organisée le 12 novembre dernier à Djakarta. Mgr Jacobus Duivenvoorde, archevêque de Merauke, Mgr Leo Laba Lajar, évêque de Jayapura, et Mgr Franciscus Xaverius Hadisumarta, évêque de Sorong, réagissaient à l’annonce de la découverte, la veille, du corps de Dortheys ( Theys’) Hiyo Eluay, président du Conseil papou et leader historique de la cause indépendantiste (1). Le 10 novembre dernier, de retour d’un dîner sur une base des Kopassus, les forces spéciales de l’armée indonésienne, à Jayapura, le chef-lieu de la province de la Papouasie occidentale, Theys Eluay, âgé de 64 ans, et le chauffeur de sa voiture ont été enlevés. Le lendemain, le corps du leader indépendantiste a été retrouvé dans sa voiture, renversée dans un ravin peu profond. Selon un rapport d’autopsie, la mort est survenue par suffocation. Les obsèques ont eu lieu à Sentani, lieu de naissance de Theys Eluay, le 17 novembre, une foule de près de 10 000 personnes ayant auparavant escorté le cercueil sur les 45 km qui séparent Jayapura de Sentani. Aristoteles Masoka, le chauffeur de Theys Eluay, est introuvable.


Célèbes : une délégation de responsables chrétiens de Poso témoigne devant la Commission nationale des droits de l’homme et demande au gouvernement de faire cesser les violences


Le 24 novembre dernier, une délégation de responsables de la communauté chrétienne de la ville de Poso, composée de catholiques et de protestants, s’est rendue à Djakarta pour témoigner devant la Commission nationale des droits de l’homme. La ville de Poso, dans la province des Célèbes-Centre, est le théâtre depuis deux ans de violents affrontements entre les communautés chrétienne et musulmane (1). La situation s’est envenimée depuis quelques mois du fait de l’arrivée dans la région de “combattants (musulmans) de la guerre sainte” appartenant au Laskar Jihad. Les délégués chrétiens ont demandé à la commission, organe officiel, fonctionnant indépendamment du gouvernement, d’envoyer un “avertissement rédigé dans les termes les plus fermes” aux responsables de l’exécutif afin que soient prises des mesures contre les combattants musulmans étrangers. Selon Arnold Tobondo, responsable de l’Eglise chrétienne des Célèbes-Centre, des miliciens venus d’Afghanistan, du Moyen-Orient et du Pakistan sont actifs à Poso et dans sa région.


Moluques : les tensions autour de la ville d’Amboine ne s’apaisent pas


Selon les informations du Centre de crise du diocèse catholique d’Amboine, les tensions meurtrières qui avaient de nouveau éclaté à Amboine et en différents lieux des Moluques au début du mois de novembre (1) dernier perdurent. Dans les environs de la ville d’Amboine en particulier, le centre de retraite catholique Gonsalo Veloso, situé à cinq kilomètres de la ville, a été le théâtre d’affrontements armés entre des combattants du Laskar Jihad et les forces de sécurité, police et armée confondues. On se souvient que ce centre catholique, situé à Karang Panjang, non loin du quartier d’Ahuru, zone à prédominance chrétienne avant d’être ravagé par les combats et abandonné de la plupart de ses habitants, avait été en juin dernier (2) la cible d’une violente attaque faisant près d’une dizaine de morts. Il semble aujourd’hui que les hommes du Laskar Jihad cherchent à mettre la main sur l’ensemble des bâtiments de Gonsalo Veloso pour transformer les lieux en leur quartier général. En effet, Gonsalo Veloso regroupe de nombreux bâtiments encore en bon état – dont un institut pour enfants sourds et muets et le complexe Kopertis, siège de plusieurs institutions éducatives privées. S’il parvenait à s’installer dans les locaux de Gonsalo Veloso, le Laskar Jihad, dont l’ancien quartier général, à Ahuru / Kebun Cengkeh est partiellement en ruines, disposerait d’une situation idéale pour mener des attaques sur les quartiers chrétiens situés en contre-bas.


Sumatra : un cimetière catholique saccagé


Sur l’île de Bangka, située au large de la côte orientale de Sumatra, le 23 novembre dernier, les catholiques de la paroisse Sainte Marie Immaculée, dans la ville de Belinyu, ont eu la désagréable surprise de constater que leur cimetière avait été l’objet d’actes de vandalisme. Aucune tombe n’a été profanée mais la quasi-totalité des croix surmontant les édifices funéraires ont été soit brisées, soit fortement endommagées. Selon l’un des responsables de cette paroisse, les faits ont été commis en l’espace de deux nuits. “Le 22 novembre, j’ai constaté que dix croix avaient été détruites et j’ai pensé que c’était à cause de la tempête”, rapporte Lucia, trésorière de l’équipe chargée des funérailles dans la paroisse. Ce jour-là, le curé de la paroisse, le P. Ambrosius Sanar, est néanmoins allé porter plainte à la police pour ce qui lui apparaissait déjà comme étant un acte de vandalisme. Le lendemain 23 novembre, ce n’était pas quelques croix mais 412 au total qui avaient été mises à mal ; seules quelques croix restaient debout, mais endommagées. La nouvelle attaque “m’a rendu particulièrement triste, rapporte le P. Sanar, car, bien que nous ayons prévenu la police, l’acte de vandalisme s’est reproduit la nuit suivante”.


Des responsables religieux appellent au calme, à la retenue, à l’unité et invitent leurs fidèles à se concentrer sur les questions domestiques


Tandis que des manifestations anti-américaines se poursuivent à un rythme plus ou moins soutenu à travers le pays (1), tour à tour, les responsables chrétiens, musulmans, bouddhistes et confucéens du pays ont appelé leurs fidèles au calme, invitant l’ensemble des citoyens indonésiens à travailler dans l’unité à résoudre les problèmes auxquels fait face le pays.


Papouasie occidentale : le vote par le parlement indonésien d’une loi accordant une large auto-nomie à la Papouasie ne semble pas pouvoir résoudre tous les problèmes de cette vaste province


Tard dans la soirée du 22 octobre, à Djakarta, le parlement a voté une loi accordant une large autonomie à la Papouasie occidentale, vaste province de l’extrémité orientale du pays où depuis de nombreuses années s’affrontent des partisans du mouvement indépendantiste papou et les forces de l’ordre (1). Comparable à l’autonomie déjà accordée à la province d’Aceh (2), située à l’autre extrémité du pays, il semble cependant peu probable que cette loi suffise à ramener le calme dans la province. Willy Mandowen, membre du Papua Presidium Council, organisation réunissant différents leaders pro-indépendantistes de la province, a ainsi déclaré : “Nous ne voyons rien de particulier dans ce texte. Donner plus de pouvoir et plus d’argent à la province ne changera rien. C’est d’ailleurs quelque chose qui aurait déjà dû être fait depuis longtemps. En ce qui concerne la justice, il n’y a pas eu de progrès.”


A Sumatra et à Java, deux lieux de culte chrétiens ont été endommagés par des assaillants qui n’ont pu être identifiés


Les 13 et 17 octobre dernier, à Sumatra et à Java, deux lieux de culte chrétiens ont été endommagés par des assaillants qui n’ont pu être identifiés.


Java : la vie est redevenue normale dans un village où de violents heurts avaient opposé communautés chrétienne et musulmane en septembre 2001


A Java-Ouest, la vie est redevenue normale dans un village situé non loin de la ville de Tasikmalaya, village qui le 17 septembre dernier a été le théâtre de violents affrontements entre communautés chrétienne et musulmane. Selon le P. Andreas Sudharman, curé de la paroisse du Sacré-Cœur de Jésus à Tasikmalaya, unique paroisse catholique de toute la région, les villageois qui avaient quitté la zone sont désormais revenus chez eux, “même si tous ceux dont la maison avait été incendiée n’ont pu retrouver un toit et dorment encore dans les locaux de l’école du village”. Ce village se situe dans une zone très majoritairement musulmane, habitée par des musulmans considérés comme “durs”.