Les documents de la salle des martyrs
LA SALLE DES MARTYRS
Le 3 août 1843 arrivaient au Séminaire de la rue du Bac un coffre hermétique contenant les restes de Pierre Borie, décapité au Vietnam le 24 novembre 1838, ainsi que d’autres souvenirs du martyr dont son immense cangue. En faisant cet envoi au cœur de la première persécution à outrance affrontée par les missionnaires de Paris, le Père Masson, vicaire général du Tonkin Occidental, avait plus ou moins consciemment pressenti que quelque chose se jouait qui allait profondément influencer l’identité et la perception de la Société des Missions Etrangères.
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CÉRÉMONIES ET DÉVOTIONS
Au fur et à mesure que s’étend, au cours de XIX° siècle, la renommée des Martyrs largement médiatisée par les Annales de la Propagation de la Foi, les aspirants aux Missions Etrangères se font de plus en plus nombreux, et de plus en plus jeunes. Pour les former et les héberger au cours de leurs années d’étude, il faut agrandir le séminaire de la rue du Bac et acquérir celui de Bièvres. L’enseignement et la spiritualité y sont globalement les mêmes que dans la plupart des séminaires diocésains de l’époque.
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VIE QUOTIDIENNE ET LOISIRS
À partir des années 1840, la tension et l’enthousiasme provoqués par la multiplication des Martyrs vont imprégner le Séminaire de la rue du Bac d’une atmosphère spécifique. Un esprit “Missions Etrangères” se crée, fait de solidarité et d’autonomie, de sens du devoir et de sens de l’humour, d’exigence et de liberté. La foi ardente des jeunes aspirants, leur soif de dépassement, leurs rêves de conquête et leur discipline de séminaristes s’agrémentent d’un folklore de potaches qui les aide à combattre les moments de peur ou d’hésitation, et la tristesse d’avoir quitté leur famille pour toujours.
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TERRES NATALES
Aux XVII° et XVIII° siècles, le recrutement des Missions Etrangères, assez élitiste, était faible et concernait surtout la noblesse et la bourgeoisie. Au XIX° siècle, après l’hémorragie révolutionnaire, il se démocratise. La grande majorité des aspirants sont issus du milieu rural, de ces campagnes reculées où souvent des prêtres réfractaires ont entretenu l’esprit de résistance et la pratique de la clandestinité.
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DÉPARTS I
Aussitôt passé le point d’orgue de la préparation missionnaire que constitue la cérémonie des adieux, les partants gagnent rapidement leur port d’embarquement, Bordeaux, Marseille ou Le Havre. Avant l’ouverture de canal de Suez en 1869, le voyage pour l’Asie par le Cap de Bonne Espérance dure au minimum six mois, mais souvent davantage en raison des aléas de la navigation, surtout au temps de la marine à voile. Echouages et escales forcées occasionnées par des avaries ou des tempêtes sont des incidents fréquents, qui obligent parfois les missionnaires à jeter une partie de leurs bagages par-dessus bord. Mais globalement, les pertes humaines sont très faibles puisque sur 4260 partants on ne compte que dix-huit décès en mer, dont plusieurs de maladie, et un seul naufrage : celui du Mercedès qui disparut dans la mer de Chine à la fin de 1860 avec à son bord huit jeunes missionnaires destinés au Japon et à la Mandchourie.
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DÉPARTS II
La photographie fait son apparition aux Missions Etrangères en1850. À partir de cette date, les partants sont systématiquement photographiés avant de quitter le séminaire, soit en portrait individuels soit par groupe de départs, les “bateaux”. Mais qu’en est-il de ceux qui sont partis avant ? Quel souvenir garde-t-on d’eux, quelle image peut-on en proposer?
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NAISSANCE D’UNE EGLISE VIETNAM 1615-1840
Le premier noyau chrétien du Vietnam se forme à Tourane, autour d’un groupe de réfugiés japonais fuyant la persécution de leur pays. Les jésuites de Macao entreprennent l’évangélisation de la Cochinchine puis du Tonkin. Alexandre de Rhodes obtient de nombreuses conversions, mais il est expulsé des deux royaumes et son catéchiste André Trung est décapité. L’Eglise du Vietnam rencontre la persécution dès les premières années de son existence.
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UNE LENTE CONSTRUCTION – CHINE I
Les premières tentatives d’évangélisation de la Chine sont très anciennes. Au VII° siècle un moine nestorien venu de Syrie, Aloben, arrive à Chang-An (Shanxi), capitale de l’empire. De petites communautés et des monastères sont fondés mais elles disparaissent à la suite de l’édit de proscription des religions étrangères promulgué par l’empereur Tang Wuzong. Le christianisme ne subsiste que dans quelques tribus du Nord, mais il va profiter de l’accession au pouvoir des souverains mongols. En 1289 le pape Nicolas IV, ayant appris l’existence de chrétiens jusque dans l’entourage du Grand Khan, envoie en Chine un légat, le franciscain Jean de Montecorvino, qui fonde plusieurs églises et est nommé évêque de Pékin (Kambaliq) en 1309. Mais en 1368, l’effondrement du pouvoir mongol et l’avènement de la dynastie des Ming provoque la ruine de ces premières implantations catholiques.
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INTERFÉRENCES ET AFFAIRES RELIGIEUSES – CHINE
Durant tout le XVIII° et le début du XIX° siècle, les missionnaires étrangers sont très peu nombreux en Chine. Le christianisme se développe grâce aux catéchistes et aux prêtres chinois formés au collège général d’Ayutthaya fondé en 1665 au Siam par Mgr Lambert de la Motte, ou au collège de la Sainte Famille de Naples. Les uns et les autres paieront un lourd tribut aux persécutions : Pierre Wu Guosheng, Joseph Zhang Dapeng, Pierre Liu et Joachim Hao ainsi que les Pères Augustin Zhao, Joseph Yuan, Paul Liu Hanzuo, et Thadée Liu seront exécutés entre 1814 et 1840.
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LA RÉSISTANCE – CHINE
Une femme, la catéchiste Agnès Cao, a accompagné Auguste Chapdelaine dans le martyre. Elle est morte le 1er mars 1856, dans une cage suspendue auprès de celle du missionnaire. Une autre femme, la vierge Lucie Yi Zhenmein expirera aux côtés du troisième martyr de Chine des Missions Etrangères, Jean Pierre Néel. Toutes deux incarnent, avec leur compagne Agathe Lin, vierge catéchiste décapitée le 28 janvier 1858 à Maokou, le courage, la fidélité et l’esprit de résistance des chrétiennes chinoises durant la période troublée que traversent, en ces années de tension internationale, les lointaines provinces du Sud-Est.
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L’INTERRUPTION DE LA TRÈVE – VIETNAM
À partir de 1839, inquiet de la présence de plus en plus menaçante de navires occidentaux dans les mers de Chine, Minh-Mang envoie plusieurs missions diplomatiques à l’étranger, dont une à Paris. En dépit de l’intervention des Directeurs des Missions Etrangères qui espèrent qu’une rencontre officielle permettrait de soulager la situation des Chrétiens et des missionnaires du Vietnam, Louis-Philippe ne reçoit pas personnellement les ambassadeurs dont la visite se limite à une mission d’observation.
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IMPLANTATION DE L’ÉGLISE – CORÉE 1840-1864
L’exécution des missionnaires étrangers et des principaux responsables chrétiens avait fait l’objet d’un cérémonial particulier destiné à impressionner la population en semant la terreur. Au nord du pays, la surveillance de la frontière a été renforcée et ce n’est qu’en 1842 qu’un Chrétien de l’ambassade, François Kim, parvient à faire connaître la nouvelle de la persécution à l’extérieur. En janvier 1845 l’un des trois séminaristes coréens, André Kim, ordonné diacre, revient secrètement en Corée pour quelques mois afin d’organiser l’arrivée d’autres missionnaires par la mer. Il retourne en Chine pour recevoir l’ordination sacerdotale et accoste le 12 octobre à Kang-Kyong avec deux prêtre français, Antoine Daveluy et Jean Ferréol, le nouveau vicaire apostolique.
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UNE NAISSANCE ÉTONNANTE – LA CORÉE 1784-1840
Les débuts de l’Eglise de Corée représentent un cas exceptionnel d’évangélisation par des laïcs. Au XVIII° siècle, alors que le pays vit en autarcie et ne communique avec l’extérieur que par une ambassade annuelle auprès de l’empereur de Chine, un groupe de lettrés réformateurs découvre la doctrine chrétienne dans des livres ramenés de Pékin par les ambassadeurs. L’un d’entre eux, Yi Seung Hoon, se joint à l’ambassade de 1884, se fait baptiser par les missionnaires de Pékin, et retourne en Corée avec de nouveaux livres et des objets de culte. Une petite communauté fervente se forme autour de lui et de son ami Yi Piek qui rédige les premiers textes de théologie coréenne. Mais les autorités s’inquiètent du développement d’une doctrine étrangère et dispersent ce premier noyau chrétien.
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DE NOUVEAU LA PERSÉCUTION – CORÉE 1864-1884
Le 15 janvier 1864, le roi Ch’ol-Chong meurt sans héritier après quinze ans d’un règne placé sous le signe de la modération. La reine douairière Cho s’empare de la régence et rappelle au pouvoir le parti ultra conservateur qui avait déclenché la persécution de 1839. En juin 1865 quatre nouveaux missionnaires Just Ranfer de Bretenières, Louis Beaulieu, Pierre Dorie et Luc Huin arrivent en Corée où la situation sociale et politique commence à se dégrader.
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LE GRAND MASSACRE – VIETNAM
En janvier 1857, Charles de Montigny, envoyé comme représentant plénipotentiaire auprès des cours du Siam, du Cambodge et du Vietnam, se fait éconduire par le gouvernement de Tu-Duc qui multiplie les édits de persécution. En France, les missionnaires, soutenus par l’opinion publique, demandent l’intervention de Napoléon III en faveur de la tolérance religieuse. Mgr Pellerin, vicaire apostolique de Cochinchine, se rend à Paris pour exposer au souverain la situation des Chrétiens du Vietnam.
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JAPON 1550-1945 – LA REDÉCOUVERTE
En 1549, Saint François-Xavier est le premier missionnaire catholique à pénétrer au Japon. Il réussit à se concilier les faveurs de quelques Daymos du Sud et obtient les premières conversions. Quarante ans plus tard, le pays compte 200 églises et 150 000 baptisés. De nouveaux religieux, Franciscains et Dominicains espagnols venus de Manille, se joignent aux Jésuites portugais.
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LA GUERRE DES BOXERS
Tout au long du XIX° siècle des sociétés secrètes, dont la plus célèbre est celle du Lotus Blanc, entretiennent en Chine une opposition souterraine au pouvoir mandchou et aux Occidentaux. Au cours des dernières décennies, l’emprise étrangère se renforce tandis que le pouvoir impérial continue à s’affaiblir. La défaite de la Chine contre le Japon en 1895, puis la mainmise de la Russie sur la Mandchourie en1898, provoquent cependant un sursaut politique.
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RÉVOLTES ET BRIGANDAGES
Avec la révolte des Boxers, l’année 1900 marque un sommet de la réaction anti-occidentale en Chine. Mais avant comme après cette date charnière, de nombreux missionnaires ont été victimes de leur condition d’étranger. Trop grande pour que l’autorité centrale puisse s’exercer partout avec la même efficacité, secouée de révoltes périodiques, souffrant d’un déséquilibre économique générateur de zones de misère et des famines endémiques, la Chine n’offre pas d’asile sûr aux Européens dès qu’ils s’éloignent des centres contrôlés par les conventions diplomatiques.
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L’OCCUPATION FRANÇAISE
S’il leur accorde la liberté religieuse, le traité de 1862 ne résout pas pour autant la situation des Chrétiens du Vietnam qui vont encore connaître un quart de siècle de violence et faire les frais de l’hostilité à l’occupant français. En 1864, lors de la révolte des lettrés, les Chrétiens sont soumis à des vexations et à des mesures de surveillance rigoureuses. En 1868 des vicaires apostoliques sont arrêtés. En 1872 une violente insurrection anti-française éclate à Saïgon. Le Père Jean Abonnel est tué dans une embuscade. Les troubles s’étendent dans tout le pays et feront 4500 morts. Au Tonkin 200 villages chrétiens seront incendiés.
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TIBET : 1624-1950 – LA TERRE INTERDITE
Le Tibet est le pays de la mission impossible par excellence. En plus de trois cents ans d’efforts, aucun missionnaire n’a pu s’y établir durablement. Dès le XVII° siècle, les jésuites portugais en poste à Agra tentent d’y pénétrer. En 1624 Antonio d’Andrade parvient à Tsaparang. D’autres tentatives vers Shigatze, Lhé et Lhassa sont faites au cours des décennies suivantes, mais aucune de ces expéditions menées par des franc-tireurs ne donne de résultat apostolique notable. En 1722 La Propagande confie officiellement la mission du Tibet aux Capucins menés par Horace della Penna. Ils construisent une chapelle à Lhassa mais quittent la ville en 1747 sans avoir fait de conversions. À la fin du siècle, le Tibet tombe sous la domination chinoise et se ferme hermétiquement à toute pénétration étrangère.
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INDOCHINE 1940-1954 – 2ÈMEGUERRE MONDIALE ET DÉCOLONISATION
Après la première guerre mondiale le Japon, qui a obtenu la cession des possessions allemandes en Asie, continue sa politique expansionniste. Il envahit la Mandchourie en 1931 et déclare la guerre à la Chine en 1937. En 1940, il profite de la défaite française en Europe pour s’emparer de l’Indochine. Le 7 décembre 1941, l’attaque surprise de Pearl Harbor détruit la flotte américaine du Pacifique. Le lendemain, les U.S.A. déclarent la guerre au Japon, allié à l’Allemagne et à l’Italie. Le conflit devient mondial.
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DE L’OCCUPATION À LA PARTITION – CORÉE 1907-1953
En 1907 le Japon établit son protectorat sur la Corée, avant de l’annexer en 1910. Le régime d’oppression instauré par les Japonais renforce les sentiments patriotiques des Coréens, mais aussi leur ferveur religieuse. L’Eglise catholique connaît un développement important, de même que les missions protestantes.
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INDOCHINE 1954 1975
Le 21 juillet 1954, les accords de Genève concluent le retrait des Français d’Indochine. Au Vietnam une ligne de démarcation fixée au 17° parallèle sépare le Nord du Sud dans l’attente d’élections générales prévues pour 1956. Mais Saïgon, sous la pression des Américains, refuse le processus alors que la Chine soutient Hanoï. Après Berlin et la Corée, le Vietnam va devenir le nouveau théâtre de la guerre froide.
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