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Les responsables religieux du pays, unanimes, dénoncent les manouvres du pouvoir exécutif visant à libéraliser l’avortement

18 mars 2010
Le 22 janvier dernier, les responsables des cinq grandes religions reconnues officiellement dans le pays (islam, catholicisme, protestantisme, bouddhisme et hindouisme) ont uni leurs voix et publié un communiqué commun pour dénoncer les tentatives du gouvernement visant à libéraliser la loi de 1992, qui pose le principe de l’interdiction de l’avortement et qui ne l’autorise que dans le cas où la grossesse met en danger la vie de la mère. La démarche des responsables religieux n’est pas une première, des religieux catholiques et musulmans s’étant déjà prononcés publiquement en novembre 2002 contre la révision de la loi de 1992 (1), mais elle intervient dans un contexte où l’action du gouvernement se fait plus précise. Le ministère de la Santé a en effet déposé un projet de loi devant le parlement, destiné à amender la loi de 1992. Là où la loi aujourd’hui en vigueur impose au médecin de recueillir l’assentiment des deux parents avant de pratiquer un avortement dans le cas où la santé de la mère est mise en danger par la grossesse, le projet de loi propose que le seul assentiment de la mère sera nécessaire. La condition relative à la santé de la mère est toutefois préservée dans le projet de loi.


Papouasie occidentale : les responsables religieux de la province s’opposent à la volonté du gouvernement de diviser la province en trois entités distinctes


Par un communiqué commun daté du 5 février dernier et diffusé à partir de Jayapura, chef-lieu de la province de Papouasie occidentale, les responsables religieux de la province ont signifié leur ferme résolution de s’opposer au projet du gouvernement central, à Djakarta, de diviser la Papouasie occidentale en trois nouvelles provinces, à savoir la Papouasie, l’Irian Jaya central et l’Irian Jaya occidental. Selon Mgr Leo Laba Ladjar, évêque du diocèse catholique de Jayapura, le projet du gouvernement ne peut que susciter des troubles dans la province et perturber profondément la scène politique locale. Lu devant la presse par l’évêque catholique, le communiqué a été signé par le révérend Herman Saud, président de la Communion des Eglises (protestantes) de Papouasie, par Irianto Setiawan, président du Conseil bouddhiste de Jayapura, par I. Dewa Putu Mustika, président du Conseil hindou d’Indonésie dans la province de Papouasie, et par Zubaer D. Hussein, président de la branche papoue du Conseil des oulémas d’Indonésie.


Moluques : le chef de la milice extrémiste islamique des Laskar Jihad, aujourd’hui dissoute, a été acquitté par la justice indonésienne des charges qui pesaient sur lui


Le 30 janvier dernier, un tribunal de Djakarta a acquitté Jafar Umar Thalib, chef de la milice extrémiste islamique des Laskar Jihad des charges retenues contre lui. Le verdict a provoqué une certaine surprise dans la mesure où, deux jours auparavant, deux dirigeants chrétiens du Front de souveraineté des Moluques avaient été condamnés à des peines de prison ferme et que ce procès avait été analysé par les analystes comme une tentative des autorités indonésiennes de présenter les extrémistes tant musulmans que chrétiens comme également responsables des violences meurtrières qui ont endeuillé les Moluques de 1999 à 2002 (1).


Un effort d’inculturation contribue à aider les catholiques chinois à approfondir leur vie chrétienne


A Djakarta, les catholiques d’ascendance chinoise ont marqué le premier jour de la nouvelle année lunaire, année de la chèvre, par une célébration eucharistique qui a montré combien un effort d’inculturation pouvait jouer un rôle important dans la pratique de la foi. Il est admis généralement que 35 % des 400 000 mille catholiques de l’archidiocèse de Djakarta sont d’ascendance chinoise. Encore récemment, leur inculturation se limitait « à un certain nombre d’erreurs et d’essais a déclaré le P. Agustinus Lie, qui a célébré une messe spéciale à cette occasion à la paroisse St Pierre St Paul de Djakarta. Selon lui, habituellement, pour les catholiques d’ascendance chinoise, l’inculturation liturgique consiste à prier et chanter en chinois, revêtus de la tenue chinoise traditionnelle. Une adaptation très limitée qui rend leur foi à peine plus signifiante et ne dissipe pas la fausse impression que le catholicisme est une religion étrangère à l’Asie. Pour cette messe (Nouvel An lunaire), le P. Lie a donc incorporé à la liturgie eucharistique classique plusieurs éléments culturels chinois, à la grande satisfaction des 700 participants présents.


Timor occidental : les responsables des Eglises chrétiennes demandent à tous les habitants de la province d’assurer aux musulmans une célébration pacifique de al-Fitr


Au Timor occidental, à majorité chrétienne, les responsables des Eglises catholique et protestants ont lancé un appel pour que tous veillent à la sécurité des musulmans durant la fête de al-Fitr, célébration marquant la fin du ramadan. Cet appel a été diffusé au lendemain des échauffourées qui ont secoué Dili, capitale du Timor-Oriental, les 3 et 4 décembre derniers et au cours desquelles des jeunes se sont heurtés à la police et ont mis le feu à des magasins, des hôtels, à la mosquée An Nur et à la résidence du Premier ministre, Mari Alkatari, de confession musulmane (1). De deux à cinq personnes ont été tuées lors de ces incidents.


LA PAIX EN CHANTIER A ACEH


« Maintenant, nous sommes frères, nous ne sommes plus ennemis s’est exclamé le général Endriartono Sutarto, chef des forces armées indonésiennes le lendemain de la signature à Genève le 9 décembre de l’accord historique de paix entre les séparatistes d’Aceh – le GAM (Gerakan Aceh Merdeka ou Mouvement pour Aceh Libre) – et des émissaires de Djakarta. Sur le terrain, à Banda Aceh, la morne capitale de cette province à l’extrême nord de l’île de Sumatra, une certaine euphorie prévalait aussi : militaires et policiers indonésiens se sont joints aux Acehnais pour des cérémonies célébrant l’accord de paix conclu grâce à la médiation du Centre Henri Dunant pour un Dialogue humanitaire, basé à Genève. Les Brigades mobiles de la police (BRIMOB), dont la réputation de mépris des droits de l’homme est solidement établie, a cessé ses patrouilles. Le siège du camp de Cot Trieng, à Aceh Nord, où un millier de rebelles du GAM se sont retranchés depuis le 30 octobre, a été levé. Après vingt-six années de terribles combats et d’une répression sans merci sur les populations par les deux parties aux conflits (12 000 tués depuis 1990, dont la majorité sont des civils), cette fraternisation et cet optimisme sont les bienvenus. Mais ils ne garantissent pas pour autant que l’accord pourra rétablir la paix de façon durable.


Les célébrations de Noël se sont déroulées paisiblement dans tout le pays et les forces de l’ordre restent en alerte pour les fêtes du Nouvel An


Le 24 décembre au soir, sur les marches de la cathédrale de Djakarta, le cardinal Julius Darmaatmadja, a remercié chaleureusement les forces de police pour la protection apportée aux principaux lieux de culte chrétiens à travers le pays. Le cardinal était venu à la rencontre du général Makbul Padmanagara, inspecteur en chef de la police à Djakarta, en tournée d’inspection pour constater le dispositif de sécurité mis en place par ses hommes. De fait, la nuit de Noël et le 25 décembre se sont passés sans qu’aucun incident violent n’ait à être rapporté. Le porte-parole de la police nationale a néanmoins fait savoir que, si Fitri, fête marquant la fin du ramadan, célébrée cette année le 6 décembre, et Noël s’étaient déroulés sans incident, les 200 000 policiers mobilisés à travers le pays resteront sur le qui-vive pour les fêtes du Nouvel An.


Aceh : le GAM récuse la présence d’observateurs philippins au sein de la Commission conjointe de sécurité, les soupçonnant de partialité


Dès le 10 décembre dernier, une première équipe de douze observateurs internationaux est arrivée sur place, à Aceh, afin de surveiller l’application de l’accord de paix conclu la veille à Genève entre les autorités indonésiennes et le Mouvement Aceh Libre (GAM), sous les auspices du Centre Henri Dunant. Les premières difficultés n’ont cependant pas tardé à apparaître.


Plusieurs dizaines de milliers de personnes de différentes confessions ont prié à Djakarta le 31 décembre 2002 au soir pour que la paix prévale dans le pays en 2003


Au centre de la capitale indonésienne, sur la place principale de Djakarta, plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées le 31 décembre 2002 au soir. Relayée par la télévision indonésienne, la manifestation a réuni des croyants de différentes religions, priant ensemble pour que la paix prévale dans le pays en 2003. Des groupes de douze personnes, représentant tour à tour les religions bouddhiste, catholique, confucéenne, hindoue, musulmane et protestante, sont montés sur l’estrade pour prier selon leurs traditions respectives, la foule suivant la cérémonie sur des écrans géants.


A l’occasion du ramadan, la municipalité de Djakarta a décrété la fermeture effective des boîtes de nuit, saunas et autres salons de massage


Dans un geste sans précédent, les autorités municipales de Djakarta ont annoncé que 5 000 policiers allaient être déployés dans la ville afin de faire appliquer un décret imposant aux boîtes de nuit, saunas, salons de massage et échoppes à flipper de fermer leurs portes durant le mois du ramadan. Ces dernières années, la municipalité avait bien déjà pris de tels décrets mais ils étaient restés plus ou moins lettre morte, l’organisation musulmane extrémiste, le Front des défenseurs de l’islam, se chargeant pour sa part de saccager quelques uns des établissements qui restaient ouverts durant le mois de jeûne de la religion musulmane. Cette année, la municipalité a décidé de faire appel à la police pour faire respecter son décret, seuls les bars, les théâtres et les karaokés étant autorisés à rester ouverts, jusqu’à quatre heures après la tombée de la nuit.