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Du fait de l’épidémie de pneumopathie atypique, la réunion de l’Assemblée nationale des représentants catholiques est repoussée sine die

18 mars 2010
Le 26 mai dernier, Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, a annoncé que la Septième Assemblée nationale des représentants catholiques, l’autorité suprême de la partie “officielle” de l’Eglise catholique en Chine, selon les statuts datant de 1992 de cette dernière, était repoussée sine die du fait de l’épidémie de pneumopathie atypique affectant le pays. En effet, depuis le mois d’avril dernier, date à laquelle les autorités ont reconnu que la pneumopathie atypique ou SRAS était devenue endémique (1), le gouvernement central du pays a décrété l’annulation de tous les rassemblements importants et demandé aux Chinois d’éviter de voyager à travers le pays. Il était initialement prévu que l’Assemblée nationale, qui chapeaute d’un côté l’Association patriotique et de l’autre la Conférence épiscopale “officielle”, devait se tenir avant la fin juin 2003 à Pékin.


HONGKONG ET LA PNEUMOPATHIE ATYPIQUE : MOURIR DANS LA SOLITUDE


Ming Chan, âgée de 43 ans, a vu son mari vivant pour la dernière fois le 27 mars dernier, trois jours après son admission à l’hôpital avec un diagnostic indiquant qu’il était contaminé par le virus de la pneumopathie atypique (ou SRAS, Syndrome respiratoire aigu sévère). “Je lui ai dit d’être fort mais je me suis sentie impuissante se rappelle-t-elle.


Selon les observateurs, les documents relatifs à la gestion de l’Eglise catholique en Chine récemment publiés par les autorités témoignent de la situation ambiguë de l’Eglise en Chine


Les 21 et 22 mars derniers, lors d’une réunion à Pékin, trois documents ont été adoptés par des dirigeants de l’Eglise catholique en Chine. Adoptés par la Conférence épiscopale “officielle” et l’Association patriotique des catholiques de Chine, ces documents ont été diffusés en Chine et hors de Chine au cours du mois d’avril. Sur les soixante-quatre participants à la réunion de Pékin, les évêques étaient au nombre de quarante, les autres étant principalement des responsables de l’Association patriotique. Rassemblés sous la bannière “Un règlement, deux systèmes” (1), ces documents, qui ont été présentés comme ayant été proposés à l’examen des évêques depuis huit ans déjà, portent chacun en sous-titre la mention : “Document destiné à recevoir des suggestions Ils semblent pourtant avoir été approuvés en l’état et n’ont pas encore suscité de commentaires de la part des responsables de l’Eglise en Chine même. A l’étranger, des observateurs de longue date de l’Eglise en Chine estiment que ces documents, sans présenter de nouveauté radicale, témoignent de la situation ambiguë de l’Eglise “officielle” en Chine.


Hongkong : le vote de la Loi sur la sécurité nationale étant acquis – sauf surprise de dernière minute -, l’évêque catholique de Hongkong appelle à l’introduction du suffrage universel


Après avoir mené campagne sans relâche ces derniers mois pour dénoncer le caractère potentiellement liberticide du projet de Loi sur la sécurité nationale (1), Mgr Joseph Zen-kiun, évêque catholique de Hongkong, a une nouvelle fois qualifié le projet de loi, connu sous le nom de “loi anti-subversion de texte “absurde”. Dans une interview au South China Morning Post, publiée le 17 juin dernier, Mgr Zen n’a pas caché être sans illusion sur l’issue du vote du Legco, le parlement local, le 9 juillet prochain. Le gouvernement de Hongkong disposant de la majorité au Legco, il est très improbable que la Loi sur la sécurité nationale ne soit pas votée ce jour-là, jour où les députés examineront pour la troisième et dernière fois le texte gouvernemental. Ceci étant dit, l’évêque catholique a déplacé le débat en demandant l’introduction du suffrage universel complet pour les prochaines échéances électorales, qui auront lieu en 2007 et 2008.


La vie de l’Eglise catholique sur le continent est affectée par les mesures prises pour enrayer la propagation de l’épidémie de pneumopathie atypique


Un peu partout en Chine populaire mais principalement dans les grandes villes, à Pékin, à Shanghai et dans la région de Canton, la vie de l’Eglise catholique a été affectée ces derniers jours par les mesures prises pour enrayer l’épidémie de pneumopathie atypique (1). Après que le gouvernement eut annoncé, le 20 avril dernier, que la semaine de congé du 1er mai était raccourcie et que les déplacements à l’intérieur comme à l’extérieur du pays n’étaient pas recommandés, la Conférence épiscopale “officielle” et l’Association patriotique des catholiques chinois ont publié un communiqué commun. En date du 23 avril, cette “note urgente” demande à tous les diocèses de ne pas organiser de pèlerinages, particulièrement ceux impliquant des déplacements inter-provinces. Il a été aussi demandé aux catholiques de rester chez eux et de prier pour le personnel médical, les nouveaux héros mis en avant par la presse du pays, et pour les victimes du SRAS, l’autre nom de la pneumopathie atypique.


Fujian : la Sécurité publique se sert de la mère d’un prêtre catholique “clandestin” pour attirer celui-ci dans un piège et procéder à son arrestation


Peu avant Pâques, la Sécurité publique de Jiangtian, à proximité de la ville de Changle, dans la province du Fujian, était tombée, semble-t-il par hasard, sur des séminaristes “clandestins” du diocèse de Fuzhou. Après une descente de la police dans les locaux du séminaire, dix-huit séminaristes au total avaient été condamnés à un mois de détention et le prêtre qui les accompagnait, le P. Zheng Ruipin, arrêté lui aussi, était, à la date du 6 mai dernier, dans l’attente de la peine de prison ou de camp de travail à laquelle il devait être condamné (1). Parmi les personnes interpellées dans le séminaire “clandestin” le 14 avril dernier, se trouvait une femme, cuisinière des séminaristes et mère d’un prêtre “clandestin”, le P. Lin Daoming, rattaché au diocèse de Fuzhou. Condamnée comme les séminaristes à un mois de détention, la mère du P. Lin a cependant été libérée le 3 mai dernier, soit une dizaine de jours avant la fin théorique de sa condamnation. Selon une source de l’Eglise “clandestine” de Fuzhou, citée par l’agence Ucanews, la police a en fait élargi de façon anticipée la mère du P. Lin afin de s’en servir comme d’un “appât” et arrêter son fils. Le 3 mai en effet, sitôt la nouvelle de la libération connue, le P. Lin s’est rendu chez sa mère, dans le village de Songxia Qianlin, situé près de la ville de Jiangtian, afin de lui rendre visite et est tombé sur la police qui l’attendait en embuscade. Ce jour-là, la Sécurité publique a emmené au poste de police le père du P. Lin ainsi que le jeune frère de ce dernier avant de les relâcher dans la soirée mais a maintenu en détention le P. Lin – sans préciser quelle accusation sera retenue contre lui.


A Canton, les méthodes de régulation naturelle des naissances, enseignées par un organisme catholique de Hongkong, reçoivent un bon accueil de la part des autorités et des Chinoises


La Chine, connue pour les méthodes parfois brutales utilisées par les autorités pour faire respecter la politique dite de “l’enfant unique”, est aussi un des pays du monde où les méthodes de régulation naturelle des naissances sont officiellement enseignées et encouragées par les autorités. Le ministère de la Santé a reconnu l’efficacité de la méthode Billings en 1995, lui donnant le label de “méthode naturelle de planning familial En mars dernier, lors d’un symposium organisé en Australie, le docteur Qian Shaozhen, responsable de la recherche sur la méthode Billings en Chine, a déclaré que 2,6 millions de couples dans son pays utilisaient cette méthode pour contrôler leur fécondité. Depuis 1996, dans la ville de Canton, un projet est mené par un organisme catholique de Hongkong ; financé par deux agences catholiques allemandes, Misereor et Missio, il s’attache à populariser les méthodes de régulation naturelle des naissances auprès des couples chinois.


LETTRE DE L’EVEQUE CATHOLIQUE DE HONGKONG AU CONSEIL LEGISLATIF AU SUJET DU PROJET DE LOI SUR LA SECURITE NATIONALE


Mesdames, Messieurs les membres de la Commission du Conseil législatif pour l’examen du projet de loi sur la Sécurité nationale,


Comme chaque année à pareille époque, des responsables religieux ont démenti dans les médias officiels chinois le contenu du rapport du Congrès américain sur la liberté religieuse


Depuis quelques années, le scénario se renouvelle sans grand changement : au cours du mois de mai, la Commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse, rattachée au Congrès américain, publie un rapport sur l’état de la liberté religieuse dans le monde ; la Chine y est généralement “épinglée” et, dans les jours qui suivent, des responsables issus des instances “officielles” des grandes religions reconnues par Pékin démentent le contenu du rapport relatif à la Chine (1). Cette année, le rituel a été respecté. Le rapport américain est paru le 13 mai ; la Chine y était décrite comme un pays “enfreignant de façon particulièrement grave la liberté religieuse” (2) ; le 23 mai, le Quotidien du peuple, voix très officielle du pouvoir central, a rapporté qu’un symposium avait réuni des responsables religieux la veille à Pékin et que ces derniers avaient démenti la teneur du rapport américain en ce qui concerne la Chine.


Hongkong : avec l’aval des autorités médicales et les précautions d’usage, des prêtres catholiques sont admis dans les salles d’isolement, pour apporter les sacrements aux victimes du SRAS


A Hongkong, depuis le mois de mars dernier, les malades victimes de la pneumopathie atypique (SRAS) sont hospitalisés dans des chambres d’isolement où toute visite est strictement interdite. En concertation avec les autorités médicales, l’Eglise catholique s’est interrogée sur la façon dont une aide pouvait néanmoins être apportée aux malades, catholiques ou non, désireux de recevoir la visite d’un prêtre (1). A la fin du mois d’avril dernier, le diocèse a rassemblé ses prêtres pour connaître ceux d’entre eux qui seraient volontaires pour porter les sacrements aux malades du SRAS ainsi qu’aux autres malades hospitalisés et pour qui les visites n’ont pas été interdites mais fortement limitées. Répondant à l’appel de leur évêque, quarante-cinq prêtres se sont portés volontaires. Citant le paragraphe 1 520 du Catéchisme de l’Eglise catholique, le P. Dominic Chan Chi-ming, vicaire général du diocèse, a rappelé que recevoir le sacrement des malades était important pour un catholique. Il lui donne force, courage et paix pour affronter les difficultés d’une grave maladie ou d’une vieillesse avancée.